By Gaëlle Fournier & Emma Jeangeorge.

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17 mars, Reims, Place Drouet D’Erlon : C’est sous un beau soleil printanier qu’Emmanuel Macron et François Bayrou font, main dans la main, une entrée remarquée dans la ville des Sacres. C’est le moment que les deux alliés ont choisi afin d’afficher, pour la première fois, leur liaison … politique. Une déambulation dans la principale artère commerciale de la ville bien organisée, permettant aux adhérents du mouvement de distribuer le programme aux passants. Mettant à profit ses trois candidatures infructueuses à la présidence de la République, François Bayrou se présente alors comme le conseiller du fondateur d’En Marche, déclarant entre deux selfies : Si je peux aider, j’aide en apportant ce que cette expérience politique m’a appris.” Le socle de leur alliance pour refonder la vie politique ? Sa “moralisation”. La  venue de ce tandem dans la ville champenoise n’est pas anodine : quatre nouveaux comités ont été créés la semaine dernière, dans quatre villes de la région, à savoir Vitry-le-François, Epernay, Sainte-Menehould et Tours-sur-Marne.

Centre des Congrès, 17h : 1300 personnes se sont réunies pour assister au premier meeting d’Emmanuel Macron à Reims. Dans la queue s’étendant le long du Boulevard du Général Leclerc, l’alliance entre François Bayrou et l’ancien Ministre de l’Économie est au centre des discussions. Mais avant de pouvoir assister à son annonce officielle, une ultime étape nous attend : la fouille des sacs. Mes lasagnes dégustées ce midi me font défaut. Craignant un lancé de Tupperwares, le garde me charge d’une mission particulière ; je suis alors obligée de cacher tant bien que mal mon sac Sciences Po empli de Tupperwares dans un des buissons jonchant le centre.

Une fois ma mission accomplie, nous arrivons dans la salle, aménagée spécialement pour l’évènement. Des affiches “ Je marche “, “ Liberté “ et “ Égalité “ nous attendent sur nos sièges. Une multitude de journalistes et membres de l’équipe d’En Marche se sont regroupés, occupant les premiers rangs aux côtés des élus municipaux tandis qu’au micro, se succèdent les élus locaux soutenant le mouvement à l’image de Jacques Krabal, député-maire de Château-Thierry.

L’entrée d’Emmanuel Macron est accueillie par un tonnerre d’applaudissements d’une foule scandant fièrement “ Macron Président ! “. Assis au premier rang aux côtés de Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture et de la Communication (2002-2004) sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, l’élu du MoDem applaudit son complice.

C’est un renouveau pour l’ancien banquier d’affaires, qui prend le contrepied de ses propos tenus à Lyon, le 2 février dernier, propos qui avaient fait polémique: le candidat niait alors l’existence d’une culture française. Son discours fait ici l’éloge de la langue française, tant pour sa richesse que pour ses grands auteurs à l’image de Victor Hugo, Arthur Rimbaud ou encore Emile Zola. Sur le banc des accusés, Marine Le Pen et François Fillon sont montrés du doigt. Entre deux “ Macron Président “ scandés par la foule de supporters, le candidat s’exprime à multiples reprises au sujet de Villers-Cotterêts, terre électorale du Front National où il s’est déplacé en début d’après-midi. Défendant sa vision de la culture et l’identité française, il vise implicitement sa rivale, déclarant : « Ce que nos adversaires disent, c’est qu’il y a quelques vrais Français, de souche, paraît-il. Moi, je ne sais pas ce qu’est une souche unique ; nous en avons tous de multiples. Donc, notre projet, c’est le vrai projet patriote. Parce qu’être patriote, c’est aimer le peuple français, son histoire, mais l’aimer de manière ouverte ».

S’exprimant au sujet de François Fillon, Emmanuel Macron qualifie son programme économique de “réactionnaire”. La réponse de la part du public ne se fait pas attendre, nos voisins se mettant aussitôt à huer et siffler le candidat LR. La réaction du candidat d’En Marche a, elle aussi, été immédiate : “Ne sifflez pas.. C’est leur habitude de siffler, ne leur rendez pas ce plaisir et ne vous confondez pas à leur indignité.”

Transcendant le clivage gauche-droite, Emmanuel Macron apparaît comme le corps unificateur de la République.

Blâmant l’offre binaire auquelle la population est confrontée lors de choix politiques, Emmanuel Macron outrepasse ce conflit en faisant converger des aspects des deux partis. In medio stat virtus ?

Prônant l’école de la République, l’émancipation dans et par le travail, l’investissement dans les énergies renouvelables, le pragmatisme dans les mesures de sécurité, la moralisation de la vie politique ou encore une critique constructiviste de l’Europe, Macron ne peut qu’attirer un vaste public. Stratégie électorale ou convictions politiques?

Si ses idées et objectifs se dessinent autour d’un projet qui “libère et qui protège,  des précisions concrètes de son programme manquent à l’appel. On peut cependant lui reconnaître un manque de temps dû à la prédominance d’un éloquent discours sur l’identité française.

En effet, dans un contexte où la société française est divisée par des revendications populistes et communautaristes, Emmanuel Macron se place en tant que médiateur de tensions.      

Au coeur de son discours: la culture, le langage, l’héritage, autant d’éléments consolidant l’unité française. En effet, le candidat revendique la culture française en affirmant que la France est un “peuple qui nourrit de ses cultures.” Il reconnaît donc l’existence de plusieurs éléments caractérisant la culture française, mais rejette profondément le “projet du communautarisme”. Il écarte aussi les défenseurs d’une “France rabougrie”, qui donnent une image rance de notre culture. Emmanuel Macron insiste également sur le fait que nous, Français, possédons une même langue, et que cela constitue notre force. En affirmant que “la France a toujours été elle-même en débordant d’elle même”, le candidat revendique la francophonie comme permettant de réconcilier les continents. Make France great again ?

L’héritage est enfin mentionné comme composant primordial de l’identité française. Et quel meilleur endroit que Reims pour évoquer des événements indispensables à l’histoire française? Suite à l’évocation de la richesse historique de la ville du champagne, on peut voir dans la salle des rictus se former sur la bouche de Rémois affirmés. Selon Emmanuel Macron, cet héritage est fondamental puisque “vouloir un projet d’avenir, c’est être fier de ce qui nous lie.” Le candidat En Marche finit son encensement de l’identité française par affirmer que reconnaître tous les éléments qui la compose, “c’est cela être patriote!”. Voilà. Il l’a dit. Son but est clair: unifier la population autour du patriotisme, valeur perdue au profit de revendications nationalistes et communautaristes.

Emmanuel Macron se positionne donc comme le candidat qui représente et unit la population française dans son intégralité, alors divisée par des idéologies en tout genre.

Emmanuel Macron, le candidat qui protège, le candidat qui libère, le candidat qui rassemble. Un tryptique trop utopiste ? Réponse le 23 avril lors du premier tour des élections présidentielles.

Hanna Agbanrin, étudiante en euram en 1ère année, nous a livré ses impressions :

“ Je suis une marcheuse depuis le mois d’août 2016. Je dois avouer que ce qui m’avait attirée chez Emmanuel Macron était bien sûr la nouveauté, et ce qu’il représentait: un renouveau de la politique française alliant le pragmatisme à un caractère humain. Il n’avait peut être pas de programme, mais portait une vision de la France à laquelle j’ai tout de suite adhéré: une France inclusive, indivisible, laïque ayant un rayonnement à l’international. Je suis allée à son meeting de Paris, au cours duquel il a de nouveau fait valoir son attachement à des valeurs qui me sont chères: une éducation plus juste – puisque tout naît de l’éducation – un projet européen, une économie compétitive et dynamique permettant à chacun d’entreprendre. J’ai décidé de lui donner mon vote pour toutes ces raisons. Son programme a désormais été publié, il s’est positionné,affirmant sa stature présidentielle, et s’appuie sur un projet que je trouve concret et réalisable.

Le meeting de Reims est symbolique. Il illustre la vision de l’histoire portée par le leader d’En Marche: la ville de Reims incarne l’Histoire, c’est la ville des sacres, détruite sous l’occupation allemande où la réconciliation des deux pays a pu avoir lieu. Emmanuel Macron est porteur d’une vision de la France au sens large. La France, qui par la francophonie rayonne à l’international, la France, qui a su attirer parmi les plus grands artistes du monde, Picasso, De Vinci et tant d’autres, une France purement indivisible, contrairement aux visions rétrécies et limitées portées par la droite. Mais pour Emmanuel Macron, la France doit aussi reconnaître ses erreurs, ses exactions et les horreurs commises afin de réconcilier les mémoires et aller de l’avant.

Merci Monsieur Macron “.

Un grand merci à Hanna Agbanrin pour nous avoir accordé cet interview

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