By Gaëlle Vandeportaele
Depuis 1945, les librairies indépendantes sont contraintes de faire face à de nombreux concurrents sur le marché : les grandes enseignes culturelles, comme la FNAC, crée en 1974, les hypermarchés, tel que l’espace culturel de la chaîne E.Leclerc, ou encore la vente en ligne, avec le célèbre américain Amazon. Cette concurrence, qualifiée de véritable « industrie culturelle », menace les moyennes et grandes librairies indépendantes.
La loi Lang, promulguée en 1981, instaure un prix unique du livre en France. Le vendeur n’est autorisé qu’à proposer une réduction allant jusqu’à 5% du prix du livre. Par conséquent, un lecteur se rend dans une grande enseigne ou commande sur internet non pas pour obtenir un prix préférentiel mais pour un plus large choix. Ainsi, Amazon propose 7,5 millions de références, s’imposant comme un véritable géant sur le marché du livre. Toutefois, les rayons de la Fnac s’étendent de l’informatique jusqu’aux produits culturels, et Amazon vend aussi bien de l’électroménager que de livres, sans parler des hypermarchés : seules les librairies sont exclusivement consacrées à la promotion et à la vente de l’objet-livre. Les librairies indépendantes sont un véritable lieu de la culture littéraire, un lieu d’empathie, où le libraire peut donner des conseils avisés et de qualité.
La librairie « La Belle Image » attrape l’œil des amoureux de la lecture, au 46 Rue Chanzy. Madame Anne-Lise Goglins tient cette boutique chaleureuse depuis douze années et a déjà vu quelques uns de ses confrères mettre la clef sous la porte. « Le lecteur est entré dans une logique de consommation. Il désire le livre sur l’instant présent, et il préfère le commander sur Internet, plutôt que de venir en librairie. Je ne comprends pas vraiment cet état d’esprit.» Pourtant, dans la librairie d’ Anne-Lise Goglins comme dans beaucoup d’autres, si le livre qu’il nous faut n’est pas en rayon, il peut être commandé. Madame Goglins révèle qu’en tant que petite librairie indépendante, elle ne souffre pas de la concurrence des grandes enseignes. « Ce sont les moyennes et grandes librairies indépendantes qui ont le plus de mal s’en sortir car il faut qu’ils fassent un certain chiffre d’affaire. Ma petite surface me permet d’être spécialisée en littérature, en sciences humaines, et en art. Mes rayons sont différents, plus pointus. En nouveautés, je ne commande pas la même chose, je n’ai pas les meilleures ventes. J’ai la bonne surface qui permet de vivre à côté des grosses structures. » L’afflux de clients est stable et il permet de faire vivre la boutique que Madame Goglins gère seule, avec un employé à mi temps, Gaultier Lefèvre. Madame Goglins ne souffre pas non plus de la concurrence des autres librairies de la ville, tel que « Rose et son roman », dans la même rue, « La Librairie Amaury », rue Jean Jaurès, ou « Librairie Guerlin Colbert », place Drouet d’Erlon, car elles proposent toutes des produits différents.
De fait, les moyennes et grandes librairies disparaissent depuis 50 ans pendant que les petites subsistent parfois péniblement. L’avenir de la librairie indépendante est précaire et incertain, et les libraires sont conscients qu’ils doivent se réinventer afin de continuer à exister. Des associations de libraires se créent, tel que LaLibrairie.com ou Chez-mon-libraire.fr pour lutter contre les industries de la culture en ligne. Il serait alors temps que le lecteur accomplisse un geste citoyen en allant pousser la porte des librairies indépendantes, ou l’on trouve aussi ce que l’on ne cherche pas.
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