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Inauguration de l’UDI Sciences Po Reims – “Nous sommes des humanistes”

By February 16, 2016 No Comments

By Marion Lefèvre

15 février, 17h30. J’arrive dans l’amphithéâtre encore un peu désert. Le couloir et une partie des murs du campus ont été investi par le violet vif de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI). C’est aujourd’hui l’inauguration de la branche locale à Sciences Po Reims. Sont invités, pour l’occasion :

  • Charles de Courson, député de la 5ème circonscription de la Marne, maire de Vanault-les-Dames et conseiller général de la Marne et vice-président de la Fédération UDI de la Marne,
  • Véronique Marchet, première adjointe au maire de Reims déléguée à l’éducation, conseillère régionale,
  • Marie Simon-Depaquy, conseillère municipale et vice-présidente de la Fédération UDI de la Marne,
  • Franck Leroy, maire UDI d’Epernay,
  • Vincent Verstraete, adjoint au maire de Reims.

udi

(c) Marion Lefèvre

Libertés, solidarité « raisonnée » et Europe

Pour une inauguration digne de ce nom, l’introduction – d’une vingtaine de minutes, et très ouverte aux questions – du programme de l’UDI était de mise. Pour Charles de Courson, l’UDI se résume en trois principes : le respect des libertés (politiques et économiques), une solidarité raisonnable ainsi qu’un engagement européen. Il présente le parti auquel il est affilié comme un regroupement « libéral » et « humanistes », où les libertés individuelles et collectives sont respectées sans pour autant tomber dans le piège des « libertés débridées ». Être Charlie ? Charles de Courson évite habilement la question, tout en précisant un peu familièrement que Charlie Hebdo lui « retourne les doigts de pied ». Les caricatures du journal satirique heurtent les sensibilités de « nos compatriotes musulmans », selon lui, et contribuent plus à ériger des murs qu’à construire des ponts entre les citoyens français.

L’assistanat est récusé et la solidarité décrite comme nécessairement couplée à la « responsabilité » et l’autonomie des citoyens, qui justifie leur « dignité ». Si c’est une conception économique de prime abord assez libérale qui émane des propos du député, il s’en libère assez vite en dénonçant un système « socialo-fiscal » mal organisé qui a créé, au fur et à mesures des années, des « poches de pauvreté ». Si l’on peut regretter certaines approximations, il faut reconnaître que la clarté et l’accessibilité sont au rendez-vous. Le temps limité dédié à cette question m’empêche cependant de creuser une petite phrase lourde de sens, celle qui affirme que « trop d’aide vient pervertir les sentiments les meilleurs qui soient »… Même si l’éventualité d’une baisse du Revenu de Solidarité Active est vivement rejetée.

L’UDI se réclame de plus d’être le seul parti français à plaider pour l’accomplissement de ce que Charles de Courson appelle une « fédération inachevée ». Furieusement fédéraliste, il récuse la notion gaulliste d’une Europe des Nations et demande un accroissement des pouvoirs du Parlement Européen, notamment l’acquisition d’un important pouvoir d’imposition. Déplorant un exécutif dyarchique « illisible pour les peuples », il campe son parti dans une position radicalement opposée aux extrêmes, droite et gauche confondus, qui préconisent une sortie de la Zone Euro. Là où le bât blesse, c’est lorsqu’on en arrive au sujet le plus débattu actuellement quant à l’Union Européenne (UE) : le « Brexit », ou la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union. Le « double jeu » de David Cameron et l’impossibilité de « relancer l’UE à vingt-huit » témoignent de la nécessité de faire une Europe à plusieurs vitesses, selon de Courson. Une allégation peut-être un peu rapide et encore utopique.

Un parti « humaniste »… malgré quelques fausses notes

Quand on évoque les thèses du Front National (FN), l’équipe retombe sur ses pattes et déroule une prose assez classique et modérée sur l’absurdité du programme dudit parti ainsi que la nécessité de le combattre « sur les idées » et pas sur la forme. Franck Leroy souligne quelles sont, pour lui, les deux raisons de la montée de l’extrême-droite : la déception engendrée par les politiques menées tant par la droite que par la gauche ces dernières décennies ainsi que la peur (de la crise migratoire, de la crise économique…). On n’est pas loin d’associer le vote FN à un vote irraisonné, même si les participants corrigent vite le tir. « Le premier parti, c’est l’abstention », rappelle à juste titre Vincent Verstraete, clôturant ainsi le débat.

Les éléments les plus révélateurs du débat se sont déroulés à la toute fin de celui-ci. Les femmes présentes, Marie Simon-Depaquy et Véronique Marchet, ne sont pas intervenues jusqu’ici. Quand Simon-Depaquy obtient le micro, elle souligne un aspect encore non évoqué par ses collègues : l’accent mis par l’UDI sur l’éducation. Pour certains jeunes défavorisés, notamment pour les jeunes femmes, l’éducation est le seul moyen de s’écarter du « bord de la route ». Si l’argument est convaincant, le fait que ce soit une femme qui l’avance dans sa seule intervention a de quoi faire sourire de par son caractère cliché, d’autant que ni elle ni Véronique Marchet ne sont intervenues sur les sujets régaliens que sont la justice ou les finances. Cette dernière conclut dans la même veine, assurant que la « différence est une force » et que le message « fort » de l’UDI doit concerner et interpeller, avant tout… La jeunesse.

Une inauguration intimiste, donc, et assez classique de par sa forme. Si Charles de Courson était remarquablement accessible, on remarque cependant quelques tics de communication politique (surnommer mécaniquement François Hollande « François III », par exemple) qui rappellent que les centristes, s’ils sont modérés, ne seront pas « mous » dans la future course à la présidentielle.

 

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No Comments

  • Augustin says:

    Bon article dans l’ensemble, bien rédigé et plutôt objectif.
    Il est néanmoins regrettable de reprocher à Charles de Courson des “approximations” sur la fiscalité alors qu’il est l’un des des grands spécialistes français sur la question…