By Luka De Silva
« Quand un lion imite un lion, c’est un singe » : rien ne résumerait mieux la personnalité de Benoît Hamon que cette phrase, prononcée par le candidat socialiste le vendredi 27 janvier à Lille, lors du dernier meeting avant le second tour.
Tout au long de ce court meeting, seulement 1h, Hamon a tenté de faire la jonction entre la Primaire socialiste et la vraie élection, taclant ses nouveaux adversaires : François Fillon d’abord, qu’il accuse d’être irresponsable lorsqu’il veut supprimer 500 000 emplois, ainsi que d’être « chrétien quand ça l’arrange », de refuser le message du pape François en rejetant les migrants. Il se vantera alors, sûrement à raison, d’être le premier candidat à faire applaudir un pape. Emmanuel Macron ensuite, qui est pour lui un « candidat de droite », l’instigateur des réformes économiques tant décriées durant le quinquennat. Marine Le Pen enfin, de manière plus succincte cependant, le Front national s’adressant sans doute à un public différent.
Peu de références, durant ce discours, à ses propositions les plus polémiques, mais aussi les plus prisées par ses militants, à savoir la légalisation du cannabis et le revenu universel. On pourrait penser que Benoît Hamon, le candidat des jeunes, s’est mué en candidat présidentiable, qu’il a arrêté de revendiquer son originalité. Il serait toutefois un peu prématuré de le ranger parmi les « singes » qu’il vilipende tant : pas de Marseillaise dans ce discours, ni de déification du candidat. Benoît Hamon a plus emprunté au one-man show qu’à l’art oratoire. Dès le début de son discours, il se détache de son pupitre, multiplie les jeux de mots et les allusions au « costard trop serré » de son concurrent du soir, Manuel Valls.
Serait-ce assez pour renverser tous les pronostics, détrôner les 4 autres présidentiables classés devant lui dans les sondages (Marine Le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon) et faire oublier les 5 dernières années de gouvernance socialiste ? Même parmi les 3000 hamonistes présents à Lille, certains en doutent : « je ne suis pas persuadé qu’il va réussir à séduire au-delà de sa famille politique » avoue un sympathisant venu en famille. Mais comme nous confie Serge Janquin, vieux routard de la politique (député du Pas-de-Calais depuis 1993), « la dynamique en politique c’est quelque chose d’assez ingouvernable, on la sent ici […] tout ça rentre dans la marmite, et même si je ne suis pas le druide Panoramix, je parie que ce sera lui qui en sortira ».