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En Marche, l’année d’après

By September 22, 2017 No Comments

Entretien avec Audrey Barbe et Samuel Teichman ; propos recueillis par Antoine Humbert.

« Celui qui marche toujours sur les bords du précipice, tombe dedans. » Est-ce également le sort réservé au gouvernement Macron ? Alors que la vague de popularité sur laquelle il a surfé pendant la campagne présidentielle semble s’essouffler, le Président de la République connaît un taux d’impopularité record, recueillant seulement 53% de bonnes intentions, quatre mois après son arrivée à l’Elysée. Pour autant, l’institution de Sciences Po Paris, plutôt marquée traditionnellement à gauche, continue à être décrite comme un vivier de militants d’En Marche. La cote de popularité de l’ancien étudiant du 27 rue Saint Guillaume est-elle aussi en perdition sur le campus de Reims ?

Après avoir interviewé Mattia Mancino, président des Républicains sur le campus de Reims, la semaine dernière, je suis cette semaine parti à la rencontre d’Audrey Barbe et Samuel Teichman, co-présidents de l’association En Marche. Au programme : tour d’horizon sur l’année étudiante à venir et les avis des ces deux “marcheurs” sur les premiers mois du gouvernement Macron.

Antoine Humbert : Samuel, Audrey, vous avez donc repris la tête de l’association En Marche, pouvez-vous nous dire quelles sont vos attentes pour cette année politique?

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Audrey, co-présidente de En Marche sur le campus

Audrey : Cette année va être un peu différente de l’année dernière. L’année dernière était marquée par la campagne présidentielle donc nous avons surtout tracté alors que cette année nous aimerions laisser une plus grande place au débat, en travaillant avec Nuances de gauche et les autres associations politiques du campus pour l’organisation. Nous souhaiterions aborder des thèmes qui sortent un peu du classique, sur le numérique ou la santé par exemple. Nous aimerions aussi écouter les attentes des premières années, s’adapter aux thèmes qu’ils souhaitent aborder. Un autre projet est d’organiser des tables rondes portant sur des thèmes de l’actualité, comme sur les ordonnances qui font beaucoup débat afin d’informer et d’échanger de manière construite autour des questions abordées. Chacun pourrait venir s’exprimer et nous pourrions apporter des informations supplémentaires.

Samuel : Je pense que nous avons un peu l’image d’une association politique qui va promouvoir les idées du gouvernement, et bien que ce soit important et essentiel, ce n’est pas là l’unique chose que l’association En Marche du campus compte faire. Nous espérons aller plus loin et remettre la politique au cœur de la vie citoyenne. Et combien même les étudiants de Sciences Po sont très politisés, nous aimerions créer avec Sciences Po En Marche un lien entre les étudiants progressistes de l’ensemble des campus et leurs élus. C’est pourquoi nous travaillons en ce moment sur un projet avec des élus partenaires mais aussi des ministres et autres personnalités politique avec qui travailler et qui serviront de porte-voix aux étudiants de SciencesPo.

Ressentez-vous un réel engouement pour le mouvement d’Emmanuel Macron au sein des étudiants de Sciences Po et plus particulièrement ceux du campus de Reims ?

Samuel : Un réel engouement oui. La Péniche avait réalisé un sondage l’an dernier qui montrait qu’il y avait un réel engouement et nous avions observé la même chose lors de nos tractages sur le campus de Reims. Toutefois cet engouement démontre aussi que les étudiants de Sciences Po sont complètement déconnectés de la réalité du reste de la France et cela peut inquiéter. C’est pour cette raison que l’on voit d’un bon œil le débat avec l’ensemble des autres forces politiques de Sciences Po afin que l’on puisse vraiment débattre et remettre les choses un peu à leur place.

Audrey : A mon ressenti, le campus de Reims a la particularité d’être plus à gauche que Sciences Po en général. Il me semble qu’à Sciences Po En Marche Reims, nous sommes plus minoritaires qu’au 27 rue Saint Guillaume. Donc un engouement des étudiants pour le mouvement, oui, mais aussi beaucoup de contestations.

On entend beaucoup parler aujourd’hui du manque d’expérience des députés et des membres du gouvernement issus de la majorité En Marche ainsi que des erreurs commises par le président de la République. Que pensez-vous, de manière objective, de ces premiers mois du quinquennat Macron ?

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Samuel, co-président de En Marche, à côté d’Aina Kuric, députée de la 2nde circonscription de la Marne (premier rang)

Samuel : On entend effectivement beaucoup parler du manque d’expérience et franchement je trouve que c’est normal. Mais ce qu’a fait En Marche pendant ces élections législatives est quelque chose d’incroyable ; ils ont mis des gens au cœur de la réalité des français à l’Assemblée Nationale. Forcément, lorsqu’on a pas fait de la politique toute sa vie on ne devient pas député en deux secondes et on commet des erreurs. Une m’a d’ailleurs particulièrement marquée : lorsque les députés de la République en Marche avaient voté contre un amendement qu’ils avaient eux-mêmes proposé. Si on regarde l’été de manière objective, malgré les erreurs et ce quel que soit notre opinion, nous pouvons constater que des lois ont été passées et de nombreuses choses ont été faites cette été. Cela nécessite énormément de travail et il y a là un signe de grande volonté. De toute façon, que l’on soit d’accord ou non avec les projets de lois, l’expérience suivra. Pour rajouter un petit mot sur la campagne à laquelle j’ai participé à Reims – j’y étais coincé pour la Summer school de UBC – la député de la seconde circonscription de la Marne, qui s’appelle Aina Kuric et qui a 30 ans, n’avait jamais fait de politique avant. Néanmoins, elle a réussi à s’imposer contre Catherine Vautrin, ancienne ministre, qui se présentait pour un quatrième mandat (Catherine Vautrin est également la marraine des Républicains de Sciences Po Reims cette année, NDLR), ce qui est quelque chose d’assez incroyable.

Audrey : Pendant ces premiers mois du quinquennat, il est vrai que des erreurs ont été commises, notamment celle du général de Villiers, on s’en souvient. Ce que j’apprécie, c’est l’efficacité du gouvernement qui n’a pas tardé à mettre en place les mesures comprises dans son programme.

Quels événements avez-vous préparé pour animer la vie politique du campus en cette année sans élections ?   

Audrey : Pour animer la vie politique du campus, j’attends un peu plus de débats que l’année dernière où tout était tout de même très empreint de militantisme. On se souvient du mur des travaux devant le campus l’an dernier qui changeait de couleur politique tous les jours. J’attends un peu moins d’animosité entre les associations politiques et également plus de débats de manière générale.

Samuel : Sans élections ? Pas vraiment car il y a quand même les élections sénatoriales qui approchent même si les étudiants du campus n’y sont pas directement impliqués. Nous sommes en très bonne relation avec la liste En Marche de la Marne et nous ferons certainement venir les sénateurs récemment élus de la Marne si les candidats d’En Marche la remportent. Ce serait aussi intéressant de débattre sur la communication autour du président (l’homme Jupiter), sur le choix des candidats En Marche pour les législatives, sur le fond, les lois ou encore les scandales. C’est extrêmement important tout comme essayer de comprendre le phénomène de la « Macronmania », les soutiens d’En Marche arborant tous des t-shirts à son effigie, je comprends que cela puisse étonner ! Nous avions aussi des idées de conférences portant sur les coulisses des partis politiques.

Tout comme Les Républicains, Samuel et Audrey viennent de nous montrer que l’association En Marche considère cette année comme une année charnière en matière de partage et de débat avec les autres forces politiques du campus. Alors que l’opinion française ne cesse de changer aux dépens de la cote de popularité du président, cette même popularité resterait inchangée au sein de notre institution d’après les deux présidents, qui ambitionnent même à travers leur association de créer un lien direct de partage d’idées entre les étudiants et certains élus issus de la majorité. Cela serait sans aucun doute un véritable atout qui permettrait d’asseoir encore un peu plus l’hégémonie de notre école sur la formation de l’élite politique (jusqu’à se demander si ce ne serait pas plus négatif qu’autre chose ?) et un véritable moyen d’expression. Dans tous les cas, l’année s’annonce riche en débats et en évènements politiques avec deux associations plus motivées l’une que l’autre, rivalisant d’ingéniosité pour attirer non seulement de grands noms de la politique sur notre campus tout comme un nombre grandissant de sympathisants. Sans oublier les autres formations politiques qui pourront faire entendre leur voix et partager leurs idées et idéaux. Qui donc remportera le titre de parti le plus populaire du campus à la fin de l’année ? Réponse dans neuf mois !

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