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Dark Vador, profitant de ses vacances après le verdict… La preuve à Amsterdam

 

Puisque Star Wars ne plaît pas qu’au système rémois de la galaxie, cet article a fait l’objet d’une coopération entre une sciencespiste novice en droit et un étudiant en prépa D1, M. Féodor Desplanques, que la rédaction remercie pour le prêt de sa plume-laser (en gras italique dans le texte) et pour ses explications d’acronymes judiciaires tout au long de la soirée.

 

Paris 6 décembre, 20h30. Nous venons juste de tourner à l’angle du boulevard Poissonnière lorsqu’un ami s’exclame « C’est ça, la queue? ». La queue, c’est bel et bien ça, un ruban 3 fois plus long qui s’étire devant les portes du Grand Rex car ce soir, s’y tient le procès du méchant le plus emblématique de cette galaxie lointaine, très lointaine que George Lucas a rapprochée de nous.

2 ans plus tôt, en 2015, Dark Vador est acquitté devant une foule de 3 000 spectateurs. Après l’avoir accusé d’avoir influencé les jurés à l’aide de la Force, la Fédération Française de Débat décide de lancer un second événement pour fêter la sortie du huitième Star Wars: L’Appel contre-attaque. C’est un véritable coup de théâtre !

De retour dans la file d’attente, nous sommes captivés par le spectacle de fans cosplayers en Yoda ou Kylo Ren, prenant la pose au milieu de la foule. Nous parvenons à entrer dans l’immense salle du Grand Rex, avec son balcon et ses décors, aux allures de temple grec. Sur la scène, les tables sont disposées telles celles d’un véritable procès.

C’est au son de la célèbre musique de la saga que l’orchestre fait son entrée. Le jugement est annoncé comme le générique des films et la Cour s’installe. Cette année, c’est Maître Hervé Témime (avocat de Gérard Depardieu ou encore Bernard Tapie) qui préside cette titanesque joute oratoire, laquelle compte dans ses rangs des juristes aussi renommés que Maître Sanjay Mirabeau (avocat de Dieudonné) à la défense ou Denis Mazeaud (professeur de droit à Assas) à l’accusation ainsi que Marguerite Coiselli, étudiante en troisième année à Assas, l’unique femme au barreau. La plus grande ovation est réservée aux jurés, représentés par les indétronables Yoda et Chewbacca. Vers 22h, les parties civiles et l’accusé prennent place. Le procès en appel de Dark Vador peut alors commencer.

Tout débute par les déclarations des témoins. Un Stormtrooper révèle les relations homosexuelles qu’il entretient avec ‘Dark’ et conclut par un vibrant « Dark Vador est un être capable d’amour! ». Les parties civiles prennent le relai. Si l’accusation se tient coite, déclenchant les moqueries du Président de la Cour d’appel intergalactique, les avocats de la défense et le public s’insurgent. Au premier rang, un groupe – manifestement formé d’étudiants en droit – hue, siffle et applaudit plus fort encore que les autres. Pendant l’audition de la représentante de Naboo qui évoque d’une voix éthérée le mal que Vador a fait à l’environnement – « les ruisseaux ne chantent plus, les arbres ne murmurent plus » – les spectateurs s’en mêlent et la défense s’exclame par cette phrase qui restera pour moi la meilleure de la soirée « Mais respectez Chantal Goya! ».

Leïa, les représentants planétaires et les personnages emblématiques de la Guerre des étoiles plaident contre Dark Vador, dont les chefs d’accusation vont du meurtre à la conduite de podracers sans permis. Puis c’est au tour des avocats de l’accusation de s’exprimer. Nous comprenons rapidement que leur silence était stratégique, visant à mieux préparer ce qui allait suivre… Tour à tour, Marguerite Coiselli prononce un réquisitoire lyrique, empreint de rimes et de poésie. Kami Haeri s’attaque aux avocats de la défense et qualifie Sanjay Mirabeau de « croisement approximatif entre Alain Delon et Harry Roselmack ». Quant à Denis Mazeaud, il se charge d’achever le travail par un discours hilarant qui fait de Dark Vador l’incarnation de tous les vices de la société. La défense répond mais cette fois, Sanjay Mirabeau, David Koubbi et Serge Perez semblent moins convaincants que l’accusation, plaidant pour un acquittement de celui qui n’est qu’un personnage fictif et un être non complètement vivant – « Il n’y a que 10% d’humain là-dedans! » – ou en attaquant les procureurs. Ces mots déclenchent la fureur de Vador.

Au fil des interventions, le procès devient de plus en plus loufoque jusqu’à ce que l’un des orateurs jette son discours par terre. Pour sa défense, il déclare qu’il s’était préparé à faire du droit mais voit que tout ceci n’est qu’une farce. Tous les arguments sont bons, entre les taquineries ad persona d’un avocat à l’autre, les hommages rendus au chanteur Johnny Hallyday, récemment décédé – « Cet être n’est pas responsable de ce qui lui est arrivé et pour vaincre l’obscurité, il n’y a qu’une seule solution… allumer le feu » –  ou encore la demande de l’annulation d’un article de la loi intergalactique par une question prioritaire de constitutionnalité… à ce moment précis, il est particulièrement utile d’avoir un étudiant en droit à ses côtés !

Actuellement étudiant en classe préparatoire D1, cursus focalisé en grande partie sur le droit, cette virée en dehors de mon quotidien de la CPGE s’annonçait des plus plaisantes. Cette joute oratoire fut à la hauteur voire même au-dessus de mes espérances. Bien que l’attente ne soit pas des plus courtes, elle ne fit que renforcer mon impatience au moment de l’arrivée de grands noms du barreau et renommés juristes, parmi lesquels le président Hervé Témine ; des parties au procès ; et enfin de l’accusé, un des mes personnages préférés de ce chef d’œuvre qu’est Star-Wars: Dark Vador.

Bien évidemment, mon juvénile œil critique d’étudiant en droit pourrait arguer que le « droit » n’était tout simplement qu’un terme, et que la fanfaronnade était plutôt le maître mot de ce jugement. En effet, mis à part quelques soubresauts de conscience juridique et l’éloquente plaidoirie de la seule femme en accusation, Marguerite Coiselli, le droit ne fut que secondaire lors de ce procès. Je ne m’en plains pas: il était fictif et mis en place à des fins divertissantes. Mettre en scène un « véritable » procès aurait été des plus ennuyeux pour une majeure partie des spectateurs tout comme pour moi. Mais il est impératif de souligner le talent oratoire des différents acteurs de ce jugement fictif et de saluer leur humour des plus efficaces. C’est un véritable spectacle de prodiges auquel j’ai assisté avec la plus grande joie, l’acquittement de Dark Vador étant alors en quelque sorte la « cerise sur le gâteau » !

Plus les plaidoiries durent, plus la tension du public face au verdict se fait sentir. Et finalement, le Président propose que la sentence se joue à l’applaudimètre. Lorsque ceux en faveur de la condamnation de Vador se prononcent, un bon tiers de la salle applaudit, mais l’assistance explose littéralement quand Hervé Témime demande de voter pour son acquittement. Une nouvelle fois, Dark Vador est … acquitté !

Je me souviendrai de cette soirée comme d’un bel hommage à la saga mais aussi comme de plus de deux heures de rire et d’admiration face aux idées brillantes, loufoques et décousues des orateurs. Je me suis sentie immergée comme rarement dans l’atmosphère de la série tout en appréciant les piques de ces tribuns surdoués. Et puisque l’acquittement de Vador pourrait ouvrir la voie à un troisième procès – pourvu en cassation? – j’attends cet événement presque plus impatiemment que la sortie du neuvième Star Wars

Le jugement étant organisé à l’occasion du huitième opus, « Les derniers Jedi », je me devais d’aller le voir. A la fin du septième film, Rey, le personnage principal de cette troisième trilogie, retrouvait Luke Skywalker sur une planète-sanctuaire dans l’objectif de le convaincre de rejoindre leur combat contre le Premier Ordre. Plusieurs intrigues se mêlent. Une relation ambiguë se noue entre Kylo Ren et Rey, et celle-ci tente d’apprivoiser à la fois Luke et la force, tandis que les rebelles, encadrés par la princesse Leïa, essaient d’empêcher le Premier Ordre de retrouver leur trace.

La déception lié à ce dernier film a été telle qu’une pétition a été lancés par les fans afin qu’il soit retiré de la saga. Spoilée autant que possible par des amis peu scrupuleux, j’étais pleine d’appréhension avant de me rendre à sa projection. Certes, ce n’est pas un ouvrage parfait: l’intrigue met du temps à démarrer, des questions sans réponse demeurent, certaines scènes manquent de réalisme, et j’aurais aimé ne pas me trouver dans une salle de cinéma pour pouvoir prononcer à haute voix tous les commentaires sarcastiques qui me venaient à l’esprit. Néanmoins, l’équipe de JJ Abrams a fait preuve de plus de créativité que dans le septième film, certains éléments restent tout à fait intéressants et je me suis sentie suffisamment « dedans » pour pouvoir affirmer que j’ai passé un bon moment.

 

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai été élevé avec Star-Wars, notamment grâce à mon père qui m’offrit la première trilogie (4-5-6) à l’âge de sept ans. J’ai donc, à l’image de la plupart de mes camarades et de si nombreuses personnes, développé un véritable amour pour cette série qui me faisait tant voyager et pour laquelle je me passionnais. Contrairement à beaucoup de fans, je n’ai en aucun cas trouvé la trilogie suivante ennuyeuse ou « bidon ». Il s’agit d’une trilogie à l’égale de la première et que j’ai tout autant apprécié de regarder.

Cependant, les deux épisodes récemment sortis, marquant l’avènement d’une nouvelle trilogie, m’ont pour ma part déçus, étant en deçà des épisodes précédents. Si je concentre la critique sur le dernier en date, « Les derniers Jedi », ma déception se focalise alors plutôt sur la continuité et la logique avec l’histoire de Star Wars que sur la conception du film en lui-même. S’il était à prendre de façon singulière, comme un opus indépendant, je ne pourrais que le trouver plutôt bon. Cependant, si je l’observe à travers le prisme de la saga Star Wars, il ne peut que se révéler décevant.

En voici quelques exemples, au risque de vous spoiler. Pour relever ce que beaucoup ont déjà remarqué, depuis quand Leia possède-t-elle la force? Comment osent ils tuer le « grand méchant » d’une façon aussi ridicule, surtout après sa démonstration de la maîtrise de la force? Et enfin, pour n’en souligner que trois, à quoi cela sert-il de développer des vaisseaux de combat si un seul peut suffire à détruire toute une armada? Pourquoi attendre tout le film pour le mettre en œuvre?

Mon dernier point quant à lui remet en cause tout Star Wars et le nom même de la saga. A quoi bon livrer une « Guerre des étoiles » s’il est si facile de mettre un terme à une bataille ?

Ce huitième opus ne peut alors qu’être mal-aimé par les fans, ou personnes appréciant la série, surtout s’il l’on y ajoute la mort du plus grand héros et personnage iconique de la saga de la façon la plus ridicule qui soit…

Le seul moyen qui pourrait peut-être réconcilier amateur de la série et producteur serait un neuvième opus avec un scénario des plus inattendus. Quel ennui serait de voir un Kylo Ren comme méchant suprême …

 

Quant à moi, je suis moins sévère. Même si j’ai été élevée avec les deux premières trilogies de Star Wars, je me considère comme une puriste de la dernière heure. Pour pouvoir apprécier la replongée dans cet univers que nous offre la trilogie Disney, je pense qu’il faut savoir laisser cela de côté, et la considérer plutôt comme une fanfiction, qui ne brillerait pas autant que les films originels, mais qui nous ferait nous sentir à nouveau chez nous dans cette galaxie pourtant lointaine. Vu comme ça, elle remplit, à mes yeux, pleinement son devoir.

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Camille Ibos

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