Par Delen Chriss
Il y a une semaine est paru un article sur le choix d’être offensé qui a créé un grand débat au sein de notre communauté étudiante. A sa lecture, plusieurs éléments m’ont dérangée et notamment l’adresse faite aux minorités. Que l’on soit d’accord ou non avec la manière dont l’auteur a formulé son opinion, le problème posé par cette supposée maladresse provient du danger qu’elle représente pour certaines catégories de personnes. Je parle de danger car elle perpétue la souffrance de ces franges déjà marginalisées. Dans cet article, nous allons essentiellement parler de ce que nous appelons poliment en France les « minorités visibles ».
L’injustice d’une agression raciste réside dans l’enfermement de ces victimes dans un cycle de déshumanisation aussi bien au niveau individuel qu’au niveau étatique. Il est difficile pour un Noir, par exemple, de prouver qu’un emploi lui a été refusé à cause de sa couleur de peau. Nous sommes désormais habitués à entendre dans les médias l’écho d’agressions racistes à peine, voire pas du tout, punies ou récriminées. Et pour cause. Les instigateurs de ces actes sont parfois des personnalités de haut rang ou de l’ordre public. On se souvient tous du dénouement de l’Affaire Théo ou du peu de réactions initiales après que Christiane Taubira ait été traitée de singe.
Ces offenses sont malheureusement devenues une norme. Ainsi, les personnes victimes de discrimination n’osent pas en parler et porter plainte car elles sont déjà convaincues qu’il n’y aura aucune répercussion. Il est donc difficile de trouver des chiffres exacts. De nombreuses associations et institutions, comme Le Défenseur des Droits par exemple, tentent de résorber ce problème en encourageant les victimes à prendre la parole.
Ainsi, s’il est déjà difficile pour les personnes souffrant de discriminations de s’exprimer, les injonctions les invitant à se taire ou à se plaindre un peu moins fort produisent l’effet inverse. Aborder ce sujet n’est pas simple pour les minorités car la structure du pouvoir dans nos sociétés n’est pas à leur avantage. De plus, ces injustices sont souvent commises par des personnes de situations privilégiées. Les dénoncer demande donc du courage. Personne, et surtout pas quelqu’un ne l’ayant pas vécu, n’a à leur expliquer comment réagir.
L’offense est un sentiment humain pouvant naître du choc, de la tristesse et de la colère. Il s’agit d’une souffrance. La garder en silence ne fait en aucun cas du bien. Nul ne peut imposer à une minorité la manière dont elle doit se sentir ni ce qu’elle peut considérer comme offensant puisque nous ne vivons pas cette souffrance. Pour le dire crûment, un Blanc n’a pas à dire à un Noir quelle blague est raciste. Autrement, ce serait négationniste.
Il n’existe point de petite offense. Si tel est le cas alors il nous faudrait arrêter de célébrer Rosa Parks. Après tout, ne s’agit-il pas que d’une simple place de bus ? Il est important de lutter contre tout ce qui peut contribuer au système raciste, aussi insignifiant que cela puisse paraître. Les petites injustices sont à la source de plus grandes. Même si cela leur a longtemps été nié et continue parfois de l’être, les personnes dites racisées, c’est à dire faisant partie de minorités, sont des êtres humains à part entière et qui, par conséquent, ont le droit à l’offense. De tous temps, c’est ce qui a permis aux marginalisés de protester contre les injustices dont ils étaient les victimes.
Il faut donc continuer à vous offenser de choses que vous trouvez injustes. Utilisez ce sentiment pour créer quelque chose de plus grand qui va au-delà de vous et permettra de faire avancer les droits de l’Homme. Les futures Rosa Parks se cachent peut-être parmi vous.
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