Par Antoine Humbert
« Il ne faut attaquer les villes que quand il n’y a pas d’autres choix, mais c’est la pire des solutions » – Sun Tzu (4e-5e siècle avant J-C)
Dans le cadre de la Conférence Villes en Guerre 1918-2018, le Professeur François Cochet et le Capitaine de l’Armée Française Simon Neouze étaient invités ce mercredi 28 mars sur le campus pour discuter du thème des combats urbains, stratégie de guerre se développant tout au long du vingtième siècle et au début du vingt-et-unième siècle.
Dans la salle, le public est composé majoritairement de personnes venues de l’extérieur pour une minorité d’étudiants. Au micro, le professeur émérite Mr. Cochet commence par revenir sur la bataille de Fismes, le premier véritable combat à avoir lieu en zone urbaine. Nous sommes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en Septembre 1918 avec l’armée américaine à la manoeuvre. François Cochet nous révèle alors que toutes armées confondues, les soldats n’étaient pas préparés aux combats urbains, expliquant les pertes considérables ce ces batailles urbaines, en milieu hostile. Et pourtant, les villes ne peuvent être contournées, ce sont de vraies menaces à l’arrière des lignes, des milieux hostiles où l’artillerie et la cavalerie lourde ne peuvent être engagées, livrant l’infanterie à elle-même.
Le contrôle des villes devient assurément la nouvelle dimension stratégique pour les nouveaux tacticiens. Toutefois, aucun général n’est formé à ces combats urbains, la notion de front l’emportant largement en 1914. Au début de la guerre, nul ne sait combattre en milieu urbain, les soldats apprennent seulement à défendre quelques bâtiments stratégiques tels que les gares, usines et groupements de maisons, mais d’aucune manière ils ne songent à attaquer des villes, sur un champ de bataille semé d’obstacles. Certes les ennemis ne combattent plus en rang serrés mais s’affrontent dorénavant sur des lignes se faisant face, une tactique incompatible en milieux urbains.
La bataille de Fismes marque un tournant dans l’histoire de la guerre avec la première véritable bataille en milieu urbain. De ce conflit découlent plusieurs enseignements, reflets du danger de la guerre des tranchées et de la nécessité de développer « l’open warfare ». Depuis lors, cette vision de la guerre demeure dominante dans les combats au sol comme l’illustrent les récentes batailles de Mossoul et Raqqa mais aussi les affrontements lors de la guerre de Libye à Benghazi ou lors des combats de Stalingrad et Varsovie de la Seconde Guerre Mondiale.
Le Capitaine Neouze, instructeur au Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB), nous a ensuite expliqué pourquoi les zones de combats se situent aujourd’hui essentiellement en ville. Afin de développer ses compétences dans l’art de la guerre urbaine, l’Armée Française a construit, non loin de Reims, une ville de 5000 habitants afin de permettre aux différentes unités de venir s’y entraîner et se spécialiser dans cette forme de guerre.
Depuis de nombreux siècles, la ville est un objectif stratégique, assiégée et même pillée. Cependant les combats n’ont pas exactement lieu dans la ville. Tacitement, une fois la défense percée, les troupes de défense se rendent et la ville est occupée, les combats cessent. Avec le développement des batailles urbaines, les armées ont dû apprendre à travailler en équipe, notamment par la mise en place de corps interarmées. Avec l’émergence des guerres asymétriques, la guerre en milieu urbain s’est développée comme une manière de nuancer l’écart technologique entre les différents partis. Ce qui importe dorénavant, ce n’est plus tant la modernité des armées mais plutôt leur dimension technique.
La conférence se clôture par une série de questions-réponses, animées par le Professeur François Cochet et le Capitaine de l’Armée Française Simon Neouze. La salle est, quant à elle, totalement conquise par ce moment d’échange, préparé par l’un de nos professeurs Mr. Pividori.
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