Par Santiago Robledo
En pleine semaine de campagne, j’ai remarqué la renaissance de la dynamique des premiers jours de la rentrée et de la semaine d’intégration, où il était encore socialement accepté d’aller parler à de parfaits inconnus. Alors que la plupart des étudiants, toutes cohortes confondues, se dirigent vers les mêmes points de distribution de nourriture et les mêmes activités nocturnes, la séparation entre les étudiants en échange et les étudiants de première et deuxième année persiste. Quelles sont les raisons de ce clivage ? Je suis parti à la rencontre de ces « exchanges », expérience que je conseille fortement.
La semaine de campagne diffère de la semaine d’intégration car cette fois-ci, même les étudiants qui ne se sont jamais rencontrés se connaissent. Ils ont des amis en commun, ont assisté aux mêmes cours ou ont déjà visité leur profil respectifs sur Facebook. Grâce à ce phénomène, les interactions se multiplient entre étudiants français et étudiants qualifiés « d’internationaux ». En deuxième année, malgré des exceptions, les groupes sont davantage mixtes.
On pourrait alors croire que ce manque d’interaction, beaucoup plus flagrant chez les premières années, est lié à l’absence de cours en commun. Cependant, il en va de même entre les cohortes du programme Euro-Américain et du programme Euro-Africain, qui se retrouvent à l’occasion de quelques ateliers artistiques et certains cours de langue. Pourtant, au fil de l’année, les groups d’amis deviennent de plus en plus mixtes.
A l’origine de ce croisement des programmes ? Les associations, non-exclusives à une cohorte en particulier, ce qui permet aux étudiants de se rencontrer et créer des liens aussi forts qu’avec nos camarades de triplette, pour les premières années. Cette semaine de campagne où les Eurams et Eurafs, surtout de première année, continuent de se rencontrer en est la preuve.
Le problème n’est donc pas lié à des raisons classiques – différence de culture et langues, différence de programme scolaire – puisque à l’intérieur des promotions et cohortes, ces barrières parviennent à être surmontées. Ce problème est, en réalité, lié à des actions antérieures.
Afin de préparer son séjour d’études à l’étranger, nombre d’étudiants se munissent de prospectus ou se rendent sur des sites internet de conseils. Ce ne sont pas toujours les universités partenaires et leur programme académique qui sont mises en avant mais plutôt la possibilité, en réalisant un semestre ou une année en échange, de voyager, de visiter et découvrir de nouveaux pays, afin de vivre une des plus belles expériences de sa vie.
C’est avec cette mentalité qu’arrivent la plupart des étudiants de troisième année en échange. Et il est tout à fait compréhensible que la perspective de rencontrer des élèves sortis tout droit du lycée ne soit pas aussi attrayante que celle de partir tout le weekend à la découverte de la Côte d’Azur, du Danemark ou de la Hongrie.
La vraie barrière se situe donc au niveau des attentes de ceux qui vont rester deux ans et de ceux qui vont rester six mois. Si pour les premières et deuxièmes années, l’expérience se concentre sur l’apprentissage et la création d’amitiés solides, les étudiants en échange, ici pour quelques mois, optent pour les voyages plutôt que pour des relations qui arriveront à terme quelques mois plus tard, ou même de s’engager dans des associations qu’ils quitteraient trop peu de temps après les avoir rejoint.
Néanmoins, cela ne veut pas dire que les deux partis ne souhaitent pas se rencontrer. Il est tout simplement plus facile de laisser les barrières s’ériger que de faire un effort supplémentaire. Cependant, faire la connaissance de ces étudiants demeure profondément enrichissant. Ces rencontrent sont mutuellement bénéfiques, elles permettent de mûrir, de découvrir une autre expérience universitaire, de comparer son université d’origine avec la méthode Sciences Po par exemple, et même préparer son futur séjour à l’étranger. Connaître un étudiant de l’université partenaire de nos rêves, capable de nous conseiller sur les manières d’aborder nos études à l’étranger, les procédures administratives à engager et les divers conseils pratiques à suivre afin de trouver un logement par exemple, s’avère tout aussi utile que la richesse intellectuelle apportée par les cours.
Je sais bien que le Bureau des Élèves fait de son mieux par la mise en place d’événements visant à intégrer les différents groupes mais nous devons aussi y mettre du nôtre. Profitons donc des prochains évènements prévus pour dépasser notre peur de l’inconnu et rencontrer ces étudiants internationaux, impatients de mettre en pratique leurs longues heures de cours de français.
SANTIAGO ROBLEDO, Thinking Out Loud
Santiago Robledo, born in Colombia (the country – not the dual degree) and raised in sunny southern France, is now in rainy northern France as a first-year student. He enjoys writing and all sorts of outdoor activities, despite social media and French pastries also taking a lot of his time. Thinking Out Loud runs the last Thursday of the month.
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