Le jeudi 27 septembre, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé du numérique, est venu à Sciences Po suite à l’invitation de la branche de La République En Marche du campus. Venus nombreux, les étudiants ont pu interroger le ministre sur des thématiques liées au numérique, que ce soit l’accès à celui-ci ou son impact écologique. M. Mahjoubi a également été questionné sur son ressenti en tant que membre du gouvernement et de ses futurs projets.
Après le discours de bienvenue de Tilman Turpin, directeur du campus, l’échange s’est construit autour des questions posées par les étudiants modérateurs du débat. Ils ont donné l’occasion au ministre de rappeler sa mission au sein du gouvernement : s’occuper du numérique comme moyen d’améliorer l’efficacité de l’Etat tout en gardant en tête l’humain, ou comme M. Mahjoubi le dit lui-même, “d’être le champion numérique au service d’humain”.
Pour remplir ses objectifs – nombreux et ambitieux -, les méthodes utilisées sont nombreuses : rencontre avec différentes start-ups et entreprises numériquement innovantes, comme Doctolib, et l’aide apportée par l’Etat pour ces projets prometteurs. La difficulté est que le 50% des entreprises en France sont des TPE ou PME entreprises, peu compétitives à l’échelle mondiale.
A l’échelle du gouvernement, le numérique est vu comme une occasion pour “simplifier la vie des Français”. M. Mahjoubi évoque une “transformation administrative”, illustrée par son travail sur la carte d’identité numérique, qui permettrait de rassembler les différents justificatifs et documents nécessaires aux démarches administratives. Quant à la question de l’inégalité de l’accès au numérique, problématique pour certains de ses projets, il l’anticipe et revient sur le fameux “pass numérique” en cours de réalisation, avec un budget de 120 millions d’euros sur 5 ans. En effet, 20% des français ne savent pas utiliser internet, faute à une transition rapide qui a surpris des générations de travailleurs du primaire et du secondaire sans contact quotidien avec les générations plus jeunes.
Les modérateurs du débat ont rapidement pointé du doigt les risques et les limites de la numérisation des services publics. Le secrétaire d’Etat rappelle l’importance de considérer le numérique comme un outil au service d’un projet accompagné d’une vision. Le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre déclare le gouvernement “conscient des questions éthiques” et cite l’exemple des intelligences artificielles dans l’armée. Cependant, il soutient l’incorporation de ces IA dans l’industrie, en collaboration avec le ministère de l’économie Bruno Le Maire.
Quand nous interrogeons sur ses accomplissements et échecs au sein du gouvernement, M. Mahjoubi hésite et se décrit comme un “hyperréaliste optimiste” et souligne la difficulté de mettre en place les réformes voulues. Ainsi, la réalisation de son “pass numérique” a nécessité un an et demi de préparation.
Plutôt détendu, le secrétaire d’Etat a échangé avec les élèves en répondant à leurs questions. Les thèmes abordés sont variés, mais trois tendances principales dominaient : l’inclusion ou l’exclusion par le numérique ; le lien entre numérique et écologie ; et enfin des questions en rapport avec la politique française actuelle.
Ayant évoqué sa volonté de former les jeunes au numérique avec par exemple l’initiation au codage dans les écoles, le secrétaire d’Etat a été interpellé sur la non-intégration de territoires défavorisés et notamment ruraux dans ce processus. A été rappelée l’importance de former les maîtres et maîtresses d’école, souvent eux-même peu qualifié dans ce domaine. Reconnaissant le phénomène, Mounir Mahjoubi a rappelé sa collaboration étroite avec Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation, qui a publié en août sa feuille de route numérique, où les différentes initiatives et objectifs sont détaillés.
Les jeunes sont les plus exposés au numérique, et autant à ses avantages qu’à ses inconvénients. La salle interpelle Mounir Mahjoubi sur les risques des dérives du net, par exemple le cyberbullying. Selon lui, la nécessité est avant tout de s’intéresser à l’activité des jeunes sur le net, et de briser la barrière entre le couple enfant-écran d’un côté et celle entre parents et professeurs de l’autre.
Si le numérique est décrit comme un outil utile à l’inclusion des citoyens et à leur éducation, il est aussi une arme commerciale qui pèse de plus en plus dans nos économies. Quand nous lui demandons si la France peut rivaliser avec la Silicon Valley, Mounir Mahjoubi déclare qu’elle le peut sur certains secteurs et même que l’Europe est un des seuls territoires au monde avec une telle concentration de compétences dans ce domaine. M. Mahjoubi évoque les robots d’opération, où la France est une des leaders du marché mondial, mais aussi la place importante que prennent des entreprises françaises qualifiées dans le marché des « villes connectées » comme Singapour. De surcroît, il mentionne un partenariat accru avec l’Afrique qui offre à la fois des opportunités et des leçons sur le numérique et ses possibilités.
En écho à la récente démission du ministère de l’Écologie Nicolas Hulot, les étudiants ont exprimé leur inquiétude quant à l’utilisation massive du numérique, extrêmement polluant. L’intervenant a tenu à rappeler que ce dernier permettait d’éviter énormément de coûts de transports et en général de pollution, surtout dans un contexte de mondialisation. Cependant, M. Mahjoubi se dit être au courant de la nécessité d’une “prise de conscience collective” quant au changement climatique.
Autres polémiques et interrogations : les élections municipales à Paris. Ayant récemment exprimé son souhait d’être maire de Paris – et ayant été plus ou moins réprimandé par l’exécutif pour cela -, Mounir Mahjoubi s’est fait discret sur la question et a tout de même précisé qu’il « ne se présente pas aux élections de Barcelone », en clin d’œil à l’actualité récente.
Autre actualité récente, la mise en place du pass culture, et la place accordée par celui-ci au numérique. Comme l’a suggéré une étudiante, M. Mahjoubi a exprimé son intention d’accorder plus de place au contenu numérique dans le contenu de ce pass. Il faudra donc suivre les différentes avancées du projet dans les mois qui suivent.
La rencontre était donc l’occasion pour le secrétaire d’Etat de se faire avocat des thématiques qui lui sont chères mais aussi de continuer dans sa « grande tournée des médias » et de défendre, comme il le dit lui-même, le bilan actuel du gouvernement et de réaffirmer ses positions. Ainsi, M. Mahjoubi assure que « aucun gouvernement français n’a jamais fait autant que nous dans ces sujets ».
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