Quand vous tapez « Montagne d’Or » Guyane sur votre navigateur préféré (je parle bien évidemment d’Ecosia), vous tombez facilement sur l’une des premières suggestions, montagnedor.fr, le site qui présente le projet d’exploitation aurifère minier guyanais.
Pour rappel, la Montagne d’or est le nouveau projet d’exploitation aurifère en Guyane française. Il vise à creuser l’équivalent de trente stades de foot au cœur de la forêt amazonienne afin d’en extraire des « tonnes » d’or. Un site d’exploitation minier à ciel ouvert donc, utilisant des produits tous un peu plus polluants les uns que les autres, pour lequel ses défenseurs ont trouvé de beaux arguments, qui nous feraient quasiment croire à une victoire de la cause environnementale dans la réalisation de projets industriels durables.
Lorsqu’on consulte ce fameux site qui nous présente bien le projet, on peut y lire qu’il suit la démarche entrepreneuriale suivante : « éviter, réduire, compenser ». Les termes exacts utilisés par les communicants sont la mise en place d’un « projet minier responsable, catalyseur de développement économique », une aubaine pour le délaissé territoire d’outre-mer guyanais, en manque d’initiatives ambitieuses et où les investisseurs n’accourent pas.
La forêt amazonienne est régulièrement prospectée pour ses nombreuses ressources encore inexploitées, dont le tant convoité or jaune. Pourtant jusqu’à aujourd’hui, le seul projet qui faisait vraiment parler de la Guyane pour son intégration aux circuits mondialisés était celui de la fusée « Ariane ». Ce projet spatial ambitieux regroupe aujourd’hui plusieurs pays européens autour de la recherche et de l’expérimentation satellitaire.
C’est donc, avec une nouvelle initiative portée par des firmes transnationales canadiennes et russes, une révolution pour la Guyane que de se retrouver au cœur d’un si gros projet financier. On peut d’ailleurs lire et comprendre à quel point ce projet vise à améliorer la situation économique et sociale de la Guyane – tout en garantissant de, bien évidemment, protéger activement l’environnement. Comment ? Là est toute la subtilité de la chose. L’utilisation d’un composé chimique à l’empreinte écologique « propre » pour remplacer le si controversé mercure, j’ai nommé : le cyanure.
Aujourd’hui, le cyanure est, dans le monde, le composé le plus utilisé pour extraire l’or. Son intérêt principal est la dissolution du métal. En effet, lors de l’extraction, l’or n’est pas soluble, il est brut et souvent difficile à récupérer seul, le cyanure permet donc de l’isoler dans une solution aqueuse pour l’avoir pur. Ce procédé a un nom : la « lixivation ». On connaît les conséquences néfastes de telles pratiques sur la qualité des eaux alentours et les risques pour les écosystèmes contaminés par les composants chimiques. Il est, ici, bien stipulé que le procédé de « cyanuration », se fera, en cuve et en circuit fermé, pour qu’à la fin, les déchets chimiques produits soient détruits.
Bien évidemment, cette pratique rentre dans les règles du code minier, et loin de moi l’idée de prétendre la comprendre suffisamment bien pour déterminer les risques potentiels exacts . Peut-être est-ce là aussi tout l’enjeu de la communication faite autour du projet : sa difficile lisibilité. Personne ici, où ailleurs en général, ne possède les qualités et les capacités techniques pour décrypter un projet d’exploitation minier jusqu’à la complexité des agents chimiques utilisés. Les défenseurs du projet jouent sur ce qu’il y a de plus basique en nous, notre envie de simplicité, pour nous montrer la façade positive de ce projet : la création d’emploi et les retombées financières en général.
C’est précisément en cela que ce projet est malhonnête : il fait passer la problématique environnementale en second plan. Ici, sous prétexte de création d’emploi, et de soi-disant « gestion éco-responsable » des ressources, une mine aux conséquences assurément désastreuses devrait être la nouvelle grosse opportunité guyanaise pour le développement. Le fait que ce projet puisse détruire et gravement endommager une des rares portions encore préservée de la forêt amazonienne n’est pas une question, c’est un fait. La question qui se pose n’est plus de déterminer si oui ou non ce projet est potentiellement destructeur, s’il rentre dans les prérogatives du code de déontologie minier, mais plutôt de savoir si les pouvoirs locaux continuent de donner la priorité à des projets viables seulement sur 10 ans, et, de surcroît aux retombées financières peu certaines ou s’ils décident d’écouter les revendications locales qui demandent un investissement public dans les secteurs de l’éducation et de la santé.
Alors qu’un énième collectif de scientifiques prend la parole pour lancer un dernier appel, signalant que la montée des eaux due au réchauffement climatique est en train de ravager des écosystèmes, la perspective que ce projet puisse s’inscrire dans les prérogatives environnementales permettant d’assurer une planète viable sur le long terme paraît fortement compromise. De même lorsque le mouvement des 500 frères guyanais manifestait et bloquait les routes, pas plus tard que l’année dernière, pour dénoncer les difficultés économiques de la Guyane, il semble difficile de voir la satisfaction qu’auraient les habitants à observer les investissements, aller encore une fois vers des projets qui ne leur profiteront jamais.
Cette initiative illustre parfaitement la problématique actuelle de savoir si oui ou non les décisions politiques prises vont vers une gestion déraisonnée des ressources ou si les pouvoirs publics décident d’agir dans le sens de l’intérêt commun en prenant des mesures contre l’instauration de projets si peu viables.
Emma is a 5.2 feet/1.60m tall tea and dark chocolate fueled human. She tries as best as she can from her short height to see and perceive the world as accurately as possible. Nevertheless, this lack of altitude she faces when looking around may happen to cause a slight bias when it comes to writing.
Illustration Source: http://www.designhq.com/images/TC_demon.jpg
Other posts that may interest you:
Discover more from The Sundial Press
Subscribe to get the latest posts sent to your email.