Alors que le musée du Louvre prépare une exposition exceptionnelle en hommage aux 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, la secrétaire d’État à la culture italienne, Lucia Borgonzoni (Ligue du Nord), a annoncé vouloir revenir sur l’accord par lequel l’Italie s’engageait à prêter les œuvres du maître à leur voisin transalpin. « Ah ça non, les Français ne peuvent pas tout avoir ! ». Le ton a beau être orgueilleux et chauviniste, l’on peine à lui donner tort. Un musée ayant la main sur l’œuvre de Léonard de Vinci, humaniste touche-à-tout incarnant le génie universel et intemporel, fait trembler la concurrence.
De Vinci le GÉNIE… sur tous les tableaux !
Anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien… Nombreuses sont les flèches que Léonard possède dans son carquois.
Alors qu’il était encore tout jeune, son grand père Antonio n’a cessé de le lui répéter : appri l’occhio ! (« ouvre l’œil »). Fidèles à ces préceptes, le petit natif de Toscane fera de l’observation son fer de lance. Du début de son parcours à Florence auprès du peintre Verrocchio à ses dernières années à Amboise, Léonard de Vinci étudie tout ce qui lui passe par la main. Savants calculs, notes minutieusement rédigées ou parfois jetées à la volée dans sa célèbre écriture miroir, croquis extrêmement pointus ou gribouillis peinturlurés… Tous les sujets qui captent l’attention de l’auteur méritent leur place dans le Codex Atlanticus, véritable recueil de curiosité de 7000 pages !
On y découvre que le grand inventeur était un visionnaire, développant des idées de machines bien en avance sur son temps. Si l’homme de Vinci nous rendait visite au 21ème siècle, il ne serait peut-être pas si ébahi par les progrès technologiques : c’est lui qui a conceptualisé bien avant leur création, l’avion, le sous-marin ou encore l’automobile.
Curieux jusqu’à en vouloir dépecer les cadavres, Léonard a réalisé de nombreuses études post-mortem pour en apprendre davantage sur le fonctionnement des organes (cerveau, œil, système nerveux…). Placé à côté de schémas d’ouvrages de médecine moderne, les croquis de l’humaniste semblent identiques, tellement leur exactitude était frappante quatre siècles avant la création des rayons X.
L’art et la science n’ont jamais été autant en symbiose que dans l’esprit du maître. Ses tableaux, érigés au rang de superstar par les musées qui les abritent jalousement, manient perspective, illusions d’optique et proportions parfaites, « divina proporzione ». C’est ainsi que Léonard esquissa le fameux portrait L’homme de Vitruve, symbole de l’humain au centre de l’univers. L’artiste arithméticien semble même prendre des allures de magicien lorsqu’il réalise son « sfumato », sorte de voile vaporeux qui dilue les masses plastiques dans une réalité transcendantale qui rend imperceptible la transition entre les couleurs, les ombres et les lumières. La Joconde en est l’exemple parfait !
Malgré une maîtrise académique quasi absolue, Léonard de Vinci sait aussi se montrer joueur. Dans La Vierge et l’enfant avec Saint-Anne, le peintre surprend en emboîtant les figures les unes dans les autres : le bras droit d’Anne coïncide avec celui de Marie, dont la tête recouvre l’épaule de sa mère et le bras gauche de Marie est prolongé par celui du Christ dont la jambe se confond avec le sabot de l’agneau.
Léonardo, précurseur des étudiants de Pipo
Outre sa fabuleuse inspiration de visionnaire, Léonard est d’autant plus en avance sur son temps qu’il semblait mener… un train de vie de sciencepiste rémois !
Végétarien convaincu et ayant développé un certain goût pour l’alimentation diététique, le Florentin aurait pu très bien commander son panier bio chaque mercredi : il avait cessé de manger de la viande, préférant les légumes, les minestre (potages) et même les pâtes. Un plat dont il raffolait tellement qu’il en vint même, comme l’atteste son Codex Atlanticus à inventer une machine à faire des « ficelles mangeables ».
Mais le point commun le plus frappant avec bon nombre d’entre nous demeure sa procrastination chronique. Léonard de Vinci passait beaucoup de temps à expérimenter de nouvelles techniques sans toutefois les faire systématiquement aboutir. Il passera par exemple quinze ans sur un projet de statue équestre, en l’honneur du père de Ludovic Sforza, sans jamais qu’elle ne soit érigée. Finalement, en 67 ans d’existence, nous serons parvenues qu’une quinzaine de peintures en tout et pour tout.
Alors, flemmard le Léonard ? Non ! L’artiste-scientifique revendiquait fièrement cette procrastination qu’il jugeait productive. L’argument ultime à rétorquer à quiconque nous reprochant de toujours tout ajourner, c’est lui qui l’a trouvé : « Les Hommes de grand génie en font souvent le plus lorsqu’ils travaillent le moins, car leur esprit est occupé par leurs idées, avant de leur faire prendre forme. » Chapeau maître !
L’anniversaire à ne pas manquer
Il y a 500 ans, ce grand Léonard s’éteignait au Château du Clos Lucé. La légende raconte qu’il exprima son ultime soupire dans les bras du roi de France François Ier. Mais Léonard ne s’est jamais vraiment éteint. Cette année, de nombreuses villes européennes feront revivre le prodige à travers de nombreuses programmations. Les expos qui vaudront le détour :
- Vallée de la Loire – Château d’Amboise : exposition “La mort de Léonard de Vinci : la construction d’un mythe” en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France.
- Milan – Musée des Sciences et des Techniques : exposition “Léonard de Vinci : Parade” pour contempler rétrospectivement de nombreuses machines construites suivant les plans de l’inventeur.
- Paris – Musée du Louvre : rétrospective exceptionnelle en octobre 2019 qui s’annonce grandiose malgré la récente polémique avec l’Italie autour des prêts d’œuvres. Une incontournable !
Prenez d’ores et déjà votre billet pour Paris pendant le break d’automne. Car le génie, ça n’attend pas !
Illustration par Sacha Besson @The Sundial Press.
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