Dans la soirée du lundi 21 octobre, le silence de l’amphi n’est pas interrompu par une série de « Bless you » de Guillaume Piketty mais plutôt par des hurlements provenant aussi bien de l’écran que de la salle dont l’ambiance est rapidement passée du calme attentif des projections traditionnelles, aux rires et éclats de voix typiques des soirées films d’horreur entre amis. A l’occasion de la Halloweek, l’association cinéphile du campus, Unframed, a décidé d’effrayer ses camarades sciences pistes avec une projection du mythique film d’horreur de Wes Craven, Scream, un classique qui n’a pas pris une ride depuis 1997.
Scream, c’est d’abord un film d’horreur qui ne se prend pas au sérieux. Wes Craven y déconstruit toutes les conventions du cinéma d’horreur en les tournant en dérision.
Le scénario, d’abord, ne se distingue pas par son originalité. Le film suit le schéma d’un slasher movie, un sous genre du cinéma d’horreur dans lequel un tueur psychopathe élimine un à un les personnages. Ici, un psychopathe en robe noire et au visage caché sous un masque terrifiant terrorise les adolescents puérils et insouciants d’un lycée américain, troublant ainsi la quiétude de la bourgade de Woodsboro et suscitant l’intérêt de journalistes en quête de faits divers sanglants.
Dès le début du film, le réalisateur aborde une réflexion sur ce genre cinématographique. Casey Becker, la première victime du tueur, s’apprête à regarder un film d’horreur quand elle reçoit un étrange coup de téléphone anonyme. Les deux interlocuteurs entament une conversation remplie de références cinématographiques, mais la situation s’envenime rapidement, faisant monter l’angoisse de Casey et du spectateur. L’inconnu propose à l’adolescente de jouer à un jeu. Elle doit répondre correctement à une série de questions sur des films d’horreur si elle ne veut pas voir son petit ami mourir.
Un an après la mort de sa mère, Sidney Prescott se sent menacée par le tueur qui rôde. Elle est d’ailleurs l’une des seules à le prendre réellement au sérieux. Les autres lycéens ressentent les évènements avec une certaine distance, comme si, abreuvés de films d’épouvante, ils ne savaient plus faire la différence entre réalité et fiction.
Cette frontière entre réalité et fiction est d’ailleurs remise en cause tout au long du film. Les personnages eux-mêmes participent à cette ambiguïté en commentant ironiquement le massacre qu’ils vivent à l’aide de nombreuses références cinématographiques, se moquant ostensiblement des clichés du genre. Toutefois, même si ils connaissent tous les ressorts des films d’horreur : ne jamais dire « je reviens dans une minute » ou garder sa virginité pour rester en vie, ils n’échappent pas au tueur. La mise-en-abyme devient flagrante lors d’un échange entre Sidney et Billy. Sidney, épuisée par l’angoisse et la paranoïa dans lesquelles l’ont plongée le meurtre de sa camarade de classe remarque : « But this is life. This isn’t a movie. » , faisant écho à l’expression populaire : « Ça n’arrive que dans les films. ». Ce à quoi Billy répond : « Sure it is, Sid. It’s all a movie. It’s all one great big movie. » ( “Bien sûr que si, Sid. Tout cela n’est qu’un film. Tout cela n’est qu’un très long film.”)
Ainsi, le film oscille régulièrement entre peur et comédie. Wes Craven parvient à balader le spectateur entre illusion et prise de distance critique. Car malgré son ton satirique, le film parvient à nous tenir en haleine et nous faire sursauter. Le spectateur croit ce qu’il se passe et prend peur, notamment grâce à des moments d’attente et d’appréhension insoutenables précédant les meurtres. Quelques instants plus tard, cependant, il lui est possible de prendre du recul et de s’amuser d’une situation grotesque. En effet, bien que Scream s’appuie sur de nombreux clichés associés aux films d’horreur, il parvient tout de même à renouveler le genre et surprendre grâce à de nombreux rebondissements.
Enfin, au delà des références cinématographiques, Scream évoque un masque inspiré du Cri d’Edvard Munch, tableau devenu légendaire et qui hante désormais l’imaginaire collectif. L’équipe du film se serait inspirée d’un costume commercialisé entre 1991 et 1992 par le magasin Fun World, costume lui-même faisant référence à l’oeuvre de Munch. Il était alors surnommé « Le fantôme aux yeux de cacahuètes » et fut découvert par la productrice du film, Marianne Maddalena. Ce masque est d’ailleurs devenu par la suite l’un des costumes les plus portés à Halloween. Il est également apparu dans les trois autres volets de la série Scream, sortis respectivement en 1998, 2000 et 2011.
http://www.objectif-cinema.com/analyses/090.phphttps://www.lefigaro.fr/cinema/2015/08/31/03002-20150831ARTFIG00021-l-histoire-secrete-du-masque-de-scream.phphttp://cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr/index.php?pk=1582
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