A l’heure où nous sommes tous confinés pour une durée indéterminée, 303 semble être le film idéal pour s’évader. Un goût de voyage, une lumière enveloppante et un brin de philosophie sont, selon Eliza, ce qui caractérise tant cette oeuvre. Elle nous en livre ici ses impressions.
Le nouveau film du réalisateur allemand Hans Weingartner, 303, saura vous réchauffer et vous plonger au plein cœur de l’été pour remédier à la pluie glaciale qui s’est installée sur la cité des rois depuis quelques jours. Véritable bol d’air, 303 est un road movie qui emmène deux jeunes étudiants allemands sur les petites routes de campagne européennes. Jule, étudiante en biologie au parcours universitaire peu épanouissant, embarque à bord d’un vieux camping-car pour retrouver son copain au Portugal. Dans une station-service, elle croise Jan, un étudiant en sciences politiques qui s’est lancé sur les traces de son père inconnu et qui doit prendre un bus à Cologne. Jule décide de le prendre à bord de son Van 303.
D’abord tendue, la relation entre les deux étudiants devient de plus en plus profonde et intime. Chacun incarne une vision de la société. Jule est fermement anticapitaliste et pense que l’homme est un animal social, qu’il a besoin des autres pour survivre. Pour Jan, en revanche, la vie est moins idéaliste, on doit se battre pour s’imposer et réussir sa vie.
303, c’est un dialogue permanent, c’est une discussion, un débat qui engage le spectateur à la réflexion. Chaque point de vue est férocement argumenté, soutenu par des faits scientifiques, si bien, qu’on ne sait parfois plus tellement qui a raison L’existence de la propriété privée et l’origine du capitalisme, les énergies fossiles et la pollution, la faim dans le monde et la pauvreté, la place des femmes… Tous les sujets de société les plus controversés se retrouvent ainsi, mêlés dans ce voyage initiatique.
La discussion devient de plus en plus intéressante lorsque les deux personnages abordent leur vision de l’amour. Plus les deux personnages se rencontrent, se connaissent, plus la lumière du film se réchauffe. D’abord grise et blafarde, au fur et à mesure des discussions et des paysages verdoyants traversés, le soleil se fait plus présent. Une lumière jaune enveloppe le film d’un filtre onirique. Si bien que nous aussi, on voudrait tant se retrouver dans ce vieux camping-car et prendre le temps de discuter sur les mystères de l’amour.
Intrigant, mystérieux, on se rend vite compte, que l’amour ne dévoile pas si facilement ses secrets. On a tous déjà eu ces genres de conversations avec nos amis. Peut-on être amoureux de la même personne toute sa vie ? Peut-on aimer plusieurs personnes à la fois ? Doit-on séparer l’acte sexuel de l’amour ? Toutes ses questions auxquelles il est impossible de répondre catégoriquement sont débattues par chacun des personnages. Jule croit en un amour éternel, fidèle et sincère. Jan quant à lui est plus frivole et pense qu’on ne devrait pas s’arrêter au premier amour qu’on a.
Ce film est une ode à l’amour, dans sa vastitude, sa complexité et parfois son impossibilité. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une citation de l’écrivain Erich Maria Rilke : “Voilà le premier pressentiment de l’humanité, avoir du temps pour l’amour, qui nous rappelle à quel point la vie c’est avant tout aimer et être aimé.”
Dans notre société où le temps est intrinsèquement lié à l’argent, on n’a même plus quelques minutes à s’accorder pour avoir des conversations aussi profondes et, qui sait, trouver l’âme soeur. Des applications nous aident même pour trouver l’amour. A l’heure de Tinder, Bumble ou encore Meetic ce film met un point d’honneur aux rencontres impromptues et aux discussions fortuites. Malgré un scénario simple et prévisible, ce film nous transporte et nous transmet un message fort, aujourd’hui plus que jamais d’actualité: l’amour se cache là où on ne l’attend pas. Pour le découvrir, il faut partir à l’aventure, sans peur du lendemain.
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