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Un jour, tout en haut des cieux
Organisait le dieu des dieux
Un banquet fort animé
Où Eris n’était pas conviée.
Avisant du caractère enflammé
De cette déesse détestée
Qui de la discorde faisait son objet,
Zeus jugea opportun de l’en écarter.
Cependant, au milieu de la cérémonie
Apparaît-elle, dans la majorité, honnie.
De l’écartement dont elle a été victime,
Et de l’ignorance par laquelle on la brime,
Sans surprise elle prend grand ombrage,
Et grâce à un simple fruit, cause maints ravages.
Déposant sur la table, d’un geste brut,
Une pomme dorée, elle ouvre une dispute.
Car sur l’inscription couleur caramel,
On pouvait lire “à la plus belle”.
L’instant suivant, de la foule bouche-bée
Se détache une femme, dont l’intense beauté
Était reconnue la plus grande de la Terre.
Mais sans attendre, d’autres belles se levèrent,
Revendiquant avec morgue le fruit délétère.
Alors, afin d’en trouver la véritable destinataire,
Héra, Athéna et Aphrodite, dans un même mouvement,
Se tournent vers Zeus, pour qu’il choisît sincèrement.
Pris entre l’orgueil des déesses et les menaces
Auxquelles statuer l’obligerait à faire face,
Il les oriente vers un juge mieux qualifié,
Un jeune prince qui non-loin faisait brouter
Dans les pâturages des bêtes au pelage sombre,
Et qui selon lui pourrait à leur question répondre.

Les trois femmes se rendirent donc, impromptues,
En face du jeune Pâris, pour à ce garçon inconnu
Confier la fate issue de leur mésentente.
Dis, ordonnent-elles, laquelle de nous est la plus séduisante.
Le beau berger, voyant ces divinités qui devant lui
Leur foi et leur estime abandonnaient, se sentit
A ce point démuni qu’il refusa de les comparer.
Afin de, par la flatterie, lui faire avouer sa pensée,
Héra lui promit un royaume s’il la choisissait.
Voyant dangereusement en sa faveur la balance pencher,
Athéna à son tour tenta de l’amadouer.
Si son choix sur elle se portait,
Il serait couvert de gloire et deviendrait
Une idole des hommes louée pour son courage.
Se rendant compte, que, séduit par ce mirage,
Pâris risquait de faire le mauvais choix,
Aphrodite, d’une démarche sensuelle, s’approcha.
Plongeant ses yeux dans les siens pour y toucher son âme,
Dit : Si tu me choisis, moi, je te donne une femme.
Je rendrai folle d’amour pour toi celle
Dont la beauté, pareille à la mienne, sera éternelle.
A ces mots, et dans un geste étudié,
Elle dénoua sa tunique, qui tomba à ses pieds.
Posant ses yeux sur la déesse dénudée,
Pâris n’hésita qu’une seconde avant de lui donner
La pomme dont toutes avaient rêvé.

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Eve Robert

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