Par Clementine Vandenbrouck
Glow up : transformation physique, plus rarement mentale, extrême et rapide. Traduction littérale de l’anglais : briller, étinceler. S’oppose au terne, fade.
Il aura fallu pas moins de deux semaines à Chenille pour devenir Papillon. Deux semaines, où Chenille s’est peu à peu métamorphosée dans sa chrysalide, s’inspirant du modèle d’autres papillons qu’elle avait pu apercevoir.
Cette époque semble si lointaine à Papillon. Il ne se reconnaît plus du tout en Chenille, cette larve gluante et poilue. Il a souvent tendance à se moquer de l’apparence de celle-ci avec ses semblables.
Papillon est blanc : au début, cela lui convient. Puis il commence à remarquer les couleurs de ses congénères. Et soudain Papillon veut lui aussi se parer de bleu ; il veut lui aussi ses délicates arabesques sur ses ailes.
On lui parle d’un mythe : celui de la lumière. “Il faut voler, longtemps, très longtemps et très haut. C’est dangereux. Cela pourrait durer toute une vie, si tu ne sais pas t’arrêter. ” le prévient-on.
Mais Papillon n’écoute plus : il a appris qu’il pouvait être le plus beau des papillons et cela lui suffit.
Alors il s’envole. Au début, c’est difficile. Personne ne l’aide : on a même plutôt tendance à le dénigrer.
Un soir, alors que Papillon se sent à bout de force et que la lueur, elle, lui semble toujours plus lointaine, il remarque un détail sur son aile gauche. Elle commence à se parer de bleu. Papillon trouve cependant ce résultat assez négligeable ; il en est même assez déçu. Cependant il sent très vite le regard d’autres papillons devenir plus insistants ; certains l’invitent à voler avec eux. Cela le pousse à continuer son périple.
Jour après jour, Papillon se pare de nouvelles teintes, de nouvelles formes. Des papillons de plus en plus colorés l’invitent à partager un bout de chemin. À tel point que, bientôt, il refuse les invitations des plus anodins. Il croit pendant un moment que la lueur se rapproche.
Mais ce n’est jamais assez. Il veut que les papillons aux Mille Couleurs le remarquent ; il veut aussi leur ressembler.
Alors Papillon vole plus vite, plus haut, plus longtemps. Il s’habille d’autres nuances, auxquelles il ne prête plus attention. Il est obsédé par la lueur, mais ne semble plus du tout s’en approcher désormais.
Papillon se sent fatigué. Il a vieilli. Ses ailes, surmenées par l’effort, ne le portent plus. Il vacille, ses couleurs s’atténuent. Les autres papillons le regardent avec mépris, ne lui
proposent plus de voler ensemble. Il comprend qu’il n’a plus sa place parmi eux. Alors, il se laisse tomber.
Dans sa longue descente, il observe ses semblables s’aventurer sur le chemin de la lumière. Il repense aux papillons qui lui avaient conseillé de savoir s’arrêter. Et il regrette de ne pas les avoir écoutés.
Papillon finit par toucher terre, comme le faisait Chenille. Il s’éteint, blême et médiocre, comme tous ceux qui se meurent ; mais heureux de ne plus avoir à suivre la lumière.
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