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Photo by Mira Chawla

Sciences Po, campus de Reims. Nous sommes mercredi, et il est 20 heures. Partout ailleurs, l’école s’endort. Mais ici, elle n’a jamais été si vivante. Jamais aussi merveilleuse, jamais aussi passionnante, jamais aussi pétillante. Il est 20 heures, et j’essaie vraiment, mais vainement de me concentrer sur cette présentation. Comment ne pas vouloir s’évader de ce cours d’anglais et rejoindre cette vie qui frétille dehors ? Alors je me suis permis une petite escapade.

Sorti de la salle de classe, ce sont déjà les quelques notes jouées par l’orchestre du campus que je commence à entendre résonner. Je descends timidement les marches de ce si noble escalier. Comment ne pas être intimidé par une telle beauté ? Presque tous mes sens sont en éveil. Le toucher, qui me lie à celles et ceux qui sont passés ici avant moi ; la vue, qui me permet de contempler cette architecture qui ne cesse de m’émerveiller, de ces plafonds magistraux à ces arcs majestueux ; et l’ouïe, et ces instruments qui mettent en musique ces instants que je crois ne jamais pouvoir oublier.

Toutes les semaines, ce même portrait se dessine à nouveau, comme un mécanisme savamment huilé. Et pourtant, ces derniers temps, tout s’est intensifié. Partout où vous irez sur le campus, nul doute que vous croiserez quelqu’un, parfois seul, parfois en groupe, en train de réviser, ou de simplement faire une pause entre deux cours magistraux à retravailler. Si les choses ont changé, c’est que depuis bientôt deux semaines, ce sont les midterms, pour les EURAM, et les galops, pour les EURAF. L’idée n’est pas si compliquée, il suffit de s’assurer que tout ce que l’on a accumulé comme connaissance depuis les sept dernières semaines est parfaitement clair dans notre tête. 

Ce qui n’est, évidemment, le cas pour personne.

Et en même temps, comment ne pas nous excuser d’avoir parfois oublié tout ce que nous avons appris ? Ces jours-ci notre esprit déborde, mais pas seulement des évènements du 19e siècle, des différentes formes de régime ou encore des différentes visions de la déviance. Notre esprit déborde aussi de toutes ces expériences que nous avons vécues. De la semaine d’intégration, à la dernière pause du cours de socio, nous ne cessons de nous créer tant et tant de souvenirs.

Et de là, viennent s’ajouter à Lord Byron et Napoléon, nos colocs avec qui nous révisions jusqu’au bout de la nuit, celles et ceux avec qui on a échangé, aussi bien quelques mots qu’un regard. Maintenant, pour nous tous sciences pistes, penser à l’Espagne c’est penser à sa constitution, mais c’est aussi penser à ALAS. 

Alors, forcément, il faut tout rattraper, les quelques amphis qu’on a manqués parce qu’enrhumé ou épuisé, mais aussi cette immensité de dates et d’évènements qu’il nous reste à affronter.

Revenons-en donc à notre promenade. Je distingue dans la nuit le collège des jésuites, qui regorge d’esprits travailleurs, comme de musiciens appliqués ; il y a aussi la cantine, où les ordinateurs ont depuis bien longtemps remplacé les plateaux. L’air est humide autant que le sol, il a plu. Pas de doutes, nous sommes bien à Reims. 

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Arthur Delannoy

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