De Mario Kart à Rihanna à Spider-Man, la pop culture est omniprésente et nous influence sur tous les plans. Difficile à définir, elle est ouverte à tous, et ne demande aucune aptitude exceptionnelle pour être consommée et comprise. Films, séries, comics, jeux vidéos, musiques, livres : cette culture et ses acteurs, centraux dans notre société, sont perçus de différentes manières par l’opinion publique. Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, la pop culture a un impact majeur dans nos vies.
Comment la société voit-elle les artistes pop ?
En général, les artistes d’œuvres pop sont sous le feu des projecteurs et soumis aux lois des médias et réseaux sociaux. Même au sommet de leur gloire, un faux pas et une vague de haine peuvent leur être destinée. La cancel culture vise à dénoncer, afficher et condamner un individu jusqu’à ce qu’il soit vu par l’opinion publique comme quelqu’un qu’il faut éviter de suivre ou de soutenir. Cette pratique destructrice peut renverser l’image d’un artiste, à l’image de J.K. Rowling, autrice adorée de la saga Harry Potter, condamnée par les utilisateurs de Twitter pour ses propos transphobes. Le danger de la cancel culture et de la reprise médiatique, est celui d’une déshumanisation de l’artiste, vouée à l’acharnement.
Ces pratiques peuvent donc être dangereuses, mais également très inégales. En effet, certains artistes érigés au rang de légende sont souvent exemptés de la cancel culture même en cas de propos problématiques comme Kanye West, qui demeure accepté par ses fans malgré des propos antisémites.
Dans le domaine, les femmes sont vues et traitées plus durement par l’opinion publique et les médias que les hommes ; des “double standards” dans l’industrie. La vie et les relations des femmes sont épiées, et elles sont souvent caractérisées par celles-ci. Vanessa Paradis, chanteuse, actrice et mannequin de renom, a donc été pendant longtemps connue comme “ la femme de Johnny Depp,” décrédibilisant son travail individuel. L’apparence des femmes est constamment scrutée : leurs tenues, poids, coupes de cheveux, tout est sujet à des jugements. Le cas d’école : Madonna, sans cesse critiquée pour son âge (65 ans) et ses tenues jugées provocantes.
Les femmes, notamment dans l’industrie musicale, subissent une injonction tacite de l’opinion publique de se renouveler, d’avoir des tournées extraordinaires (costumes, danseurs, visuels…) pour ne pas tomber dans l’oubli. Ainsi, Taylor Swift a su se réinventer au cours de sa carrière à travers ses “eras” : de la country à la pop folk, elle a exploré de nombreux genres musicaux. C’est beaucoup moins le cas des grands artistes masculins comme Ed Sheeran, qui garde la même identité et les mêmes sonorités depuis le début de sa carrière. Celles qui mentionnent leurs relations dans leurs chansons sont jugées et décrédibilisées, tandis que les hommes en sont félicités et appréciés.
Comment sont perçus les fans de pop culture ?
Dans l’imaginaire collectif, être fan est perçu comme enfantin et ridicule ; ces comportements sont généralement vus comme une perte de temps, voués à une reconnaissance moindre dûe à leur “inutilité.” Certains sont hystériques, prêts à dépenser des milliers d’euros pour leur œuvre ou artiste favori. Parfois vus comme dangereux, certains enfreignent la loi par “passion” pour leur artiste phare. Par exemple, les affaires d’harcèlement et même de meurtre commis par certains fans ternissent l’image de toute la communauté. Ainsi, le meurtre de John Lennon a grandement stéréotypé l’image de la communauté de fans des Beatles.
La conception du fan et la perception de ce dernier sont liées à l’œuvre adulée. Si le fan de jeux vidéo est vu comme un geek insociable, les fans de musique pop sont vus comme des adolescents hystériques. Les fans sont également assujettis à la différentiation genrée : la femme fan de musique pop, risée ; l’homme fan de sport, admiré.
Comment la pop culture et ses œuvres sont-elles perçues ?
La pop culture au sens large et les œuvres qui la composent sont souvent vus comme une forme de sous-culture. Ces œuvres accessibles par tous ont pour origine les sphères les plus modestes de la société. Issue “du peuple” en un sens, on peut même parler d’une contre-culture, en opposition aux contenus plus élitistes. C’est pourquoi elle est souvent perçue comme superficielle et abrutissante, à contrario de la “haute culture.” Ainsi, la musique et le cinéma populaires sont souvent méprisés par rapport au cinéma d’auteur ou à la musique classique.
Pourtant, cela n’empêche pas la culture populaire d’être recherchée et de toucher de réels sujets de société, tout en restant accessible. Malheureusement, l’idée de “bonne” ou “mauvaise” culture est toujours ancrée dans la société.
Même si les plus jeunes générations voient la pop culture comme permettant le développement, l’ouverture d’esprit et une réelle culture, une forme de snobisme existe toujours au sein de l’opinion publique, la voyant comme vide de sens.
Une autre vision de la pop culture la caractérise comme “vulgaire” ou “choquante” et potentiellement néfaste pour les jeunes. Cela peut être lié notamment aux images violentes dans le cinéma ou aux tenues et propos provocateurs et à caractère sexuel dans les chansons pop. Un exemple de cette perception est Lady Gaga et sa chanson Judas qui a attiré les foudres de la communauté catholique, catégorisant cette chanson de blasphématoire et irrespectueuse.
Enfin, la pop culture est souvent perçue comme consumériste, corrompue et perpétuant le capitalisme et les inégalités qui en découlent. Les industries du cinéma, de la musique et même de l’édition semblent en effet souvent préférer le profit à l’apport artistique et la qualité. Ainsi, Disney est critiquée pour avoir « ruiné » des franchises comme Marvel et Star Wars en produisant des œuvres à la chaîne et sans prise de risque, décrédibilisant les plus grandes franchises cinématographiques. Du côté de l’industrie musicale, même constat: des chansons de plus en plus calibrées, courtes et rapides pour être référencées sur TikTok, et une promotion toujours plus importante.
Malgré ces perceptions négatives de la pop culture, beaucoup de ses œuvres traversent les âges et les médias et, qu’on les aime ou non, nous influencent quotidiennement.
Comment la pop culture nous influence-t-elle ?
D’abord, elle influence les styles vestimentaires et les modes en général. Ainsi, des séries ancrées dans les années 80 comme Stranger Things ont grandement participé à raviver la nostalgie et les modes de cette décennie. Que ce soit les chansons comme Running Up That Hill de Kate Bush, les coupes mulets ou les vêtements colorés à formes géométriques, la mode des années 80 est revenue en force.
Ainsi, la pop culture a un impact sur notre manière de consommer. En effet, avec des produits dérivés de nos séries et artistes favoris, des parcs à thème, ou même des concerts et des places de cinéma, la pop culture nous influence et nous pousse à consommer.
Les œuvres les plus populaires ont même un impact sur les prénoms les plus donnés aux nouveaux nés. Par exemple, avec la sortie du film Titanic en 1997, les bébés prénommés Rose ont triplé.
Au-delà des modes, cette pop culture a également un impact sur notre manière de penser et de voir le monde.
D’une part, certaines œuvres peuvent permettre une représentation des minorités qui entraîne des changements de mentalités. Ainsi, des films comme Black Panther et Captain Marvel ont permis de remodeler la perception du super-héros dans la société, en incluant une image de ces derniers plus diverses. De la même façon, des artistes et œuvres peuvent remettre en question les stéréotypes de genre. Des artistes comme Harry Styles, avec son style vestimentaire « androgyne » (bijoux, maquillage…), a suscité certains changements de perception sur ce qu’un homme « devrait » porter.
D’autre part, les œuvres de la pop culture peuvent également modifier notre perception de l’histoire. Par exemple, des films comme Rocky IV ont renforcé l’image de l’URSS comme « ennemi » à travers le personnage d’Ivan Drago durant la guerre froide.
L’histoire peut être aussi révisée par le cinéma et la pop culture, faussant la réalité de faits historiques. Par exemple, Imitation Game, qui raconte l’histoire d’Alan Turing et du décryptage de la machine Enigma pour combattre l’armée allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale, commet beaucoup d’approximations. Il place Turing comme génie ayant accompli cet acte héroïque seul. Dans les faits, c’était un acte collectif, basé sur un système polonais préexistant et amélioré. Cette représentation de Turing est une révision de l’histoire et modifie notre façon de voir ce fait historique en tant que spectateur, nous imprégnant d’une vision fausse.
Mais quels sont les points positifs de cette forme de culture ?
Néanmoins, les défenseurs de la pop culture soulignent ses bénéfices.
D’une part, les références communes à ce type de culture permettent de rapprocher des individus ayant une nationalité, un niveau de vie ou une culture différentes. Ce phénomène est concrètement visible dans des événements liés à la pop culture (Comic Con, avant-premières…) où les communautés de fans se rencontrent. C’est un sentiment d’appartenance qui se développe et bénéficie les fans socialement.
Plus que du lien social, la pop culture permet de développer des connaissances fines de certaines œuvres et artistes. Etre fan de ce type de culture peut développer une forme de créativité chez certains, que ce soit à travers des “covers” de chansons ou même des “fan arts.” La pop culture inspire de nombreuses personnes.
Cette culture dite populaire peut permettre de connaître le monde qui nous entoure. Son accessibilité a pour rôle de poser de réelles questions et de réfléchir sur notre société à travers la représentation de problèmes sociaux. Des films comme Joker de Todd Philips mettent en lumière de façon brute la pauvreté, la solitude et la santé mentale d’un homme. Critique d’une société sans bienveillance, les criminels comme les politiciens entraînent la souffrance des individus.
Aussi, la pop culture peut être très bénéfique pour les femmes, les personnes racisées, la communauté LGBTQIA+, et toute autre minorité. En effet, ces derniers, à travers leur représentation, peuvent se sentir acceptés et reconnus. Ce fut le cas de beaucoup grâce à des œuvres devenues cultes comme la chanson Born this way de Lady Gaga ou la série Glee.
Cette culture nous influence quotidiennement. Elle peut permettre de dénoncer et d’ouvrir le débat sur les inégalités sociales. Mais, de toute évidence, elle participe également à les renforcer, comme en témoignent les femmes et la communauté noire ayant moins d’opportunités dans cette culture de masse où les artistes enfants de stars sont presque certains de réussir dans cette industrie…
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