« À dix heures quarante-cinq le 12 août 2022, par un vendredi matin ensoleillé dans le nord de l’État de New York, j’ai été attaqué et j’ai failli être assassiné par un jeune homme armé d’un couteau juste après être monté sur scène dans l’amphithéâtre de Chautauqua pour y parler de l’importance de préserver la sécurité des écrivains. »
Tel est l’ironie du sort racontée par Salman Rushdie dans son nouveau livre, Le Couteau, ouvrage historique qui vient clore des décennies d’incertitudes quant à sa sécurité.
L’épopée Rushdie remonte, en effet, jusqu’en 1988, lorsque l’écrivain indo-britannique publiait Les Versets Sataniques, une sorte d’adaptation romanesque et fantastique de la vie du prophète Mahomet. Peu de temps après, suite à une vague de colère et de manifestations à travers le monde musulman, l’Ayatollah Khomeini a prononcé une fatwa à son égard ; soit un appel à son exécution.
Après dix ans vécus sous protection policière en Grande-Bretagne, l’auteur s’est considéré suffisamment en sécurité pour démarrer une nouvelle vie à New York, alors encore habitué à être accueilli en public entouré d’une forte présence sécuritaire. Mais ce jour-là, en août 2022, il n’y avait pas de sécurité dans l’enceinte de l’amphithéâtre de l’institut Chautauqua : l’opportunité parfaite pour un assassin de passage.
« C’est donc toi. Te voilà. » relate Salman Rushdie à propos de « A. », un homme aux motivations peu claires, et que l’écrivain n’ose pas nommer. Bien qu’il ait eu la malchance d’être sans dispositif de sécurité, son médecin considère qu’il est en réalité bien chanceux. Tandis qu’il est victime d’une douzaine de blessures au couteau, A. ne sait apparemment guère s’en servir.
C’est ainsi que Rushdie, l’un des plus grands hommes de lettres anglophones de nos jours, rapporte avec humour et une once de légèreté ce qu’il lui est arrivé : les blessures, les coups au foie et aux intestins, et la perte d’une partie des fonctions motrices de sa main gauche ainsi que de la totalité de la vision dans son œil droit.
Le Couteau est un ouvrage qui porte naturellement sur la liberté d’expression et la sécurité des auteurs qui osent manipuler le sacré, mais c’est également une œuvre très personnelle où Salman Rushdie se révèle. On y découvre sa vie privée, sa rencontre avec sa femme Rachel Eliza Griffiths, sa relation avec ses enfants, sa vie d’écrivain à New York…
Mais l’importance ne se trouve pas dans ce contenu-là, que l’on pourrait retrouver dans une quelconque édition de magazine People. Lecteur du Couteau, vous en tirerez certainement des leçons de vie. Ne jamais abandonner tout espoir. Toujours croire en l’amour. Faire confiance à nos proches. Résister à sa colère.
Le Couteau, c’est sans doute l’événement littéraire du mois, et se dévore en seulement quelques heures. C’est absolument à lire : vous ne serez pas déçus.
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