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Esther faisait face aux pages bleuies de son carnet. Les idées raturées qu’elles n’avaient pas su exprimer avec assez d’intelligence la narguaient. Elle avait voulu écrire la peine, le choc, le manque, la folie de la solitude.  

Mais quelque chose l’avait arrêté.

Les rayons du soleil couchant inondaient sa chambre et son âme était muette de contemplation.

À travers les carreaux de sa fenêtre, elle observe le grand cèdre du jardin s’enflammer dans l’explosion rougeâtre de la soirée.

La petite chambre est plongée dans un calme imperturbable. Écrire serait briser le pacte entendu avec la Création. Elle le sait, un si beau spectacle ne peut être gâché par trop d’intellect. À cet instant, Esther se laisse intégralement absorber par la scène si troublante de sensibilité. Aucun mot ne saurait souiller la paix qui s’empare d’elle. Au loin, les hirondelles jouent à traverser les nuages. Quelques gouttes perlent sur la fenêtre embuée par l’action du froid.

Tout est ordonné.

Rien ne manque.

Ainsi donc commence la quête du Beau. 

Être assise en silence, à l’écoute.

Les yeux fermés, elle murmure du bout de ses lèvres :

« Puissent mes doigts ne décrire que les doux rayons du soleil, que ce souffle chaud qui me traverse, que cette lumière qui m’élève. »

Bientôt la nuit tombe, tout s’obscurcit, et la vie la démange.

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Maude Gibert

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