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Elle était là, sur le palier, après avoir vécu une de ces journées qui vous brûlent, qui vous glacent et qui vous détruisent à petit feu. Elle était là, sur le palier, enfin enfermée dans son logis isolé. Elle voulait pleurer. Elle le savait. Son corps voulait se débarrasser de ce feu qui la mangeait de l’intérieur. Son corps voulait faire couler ses larmes comme pour éteindre l’incendie. Mais elle ne pouvait pas pleurer, car son cœur est un logis qui n’a plus d’escalier. Les émotions qui lui tordaient le bide ne pouvaient pas monter jusqu’à ses yeux. Et alors qu’elle souffrait d’un mal-être indescriptible, son regard, lui, restait vide. Elle restait vide. Alors, elle recommençait une autre de ces journées qui vous brûlent, qui vous glacent et qui vous détruisent à petit feu. Elle continuait d’être ce pilier qui maintenait la maison en feu, mais combien de temps pouvait-elle tenir ?

Personne ne voyait ce qui se passait en elle. Personne ne voyait la peine, la solitude, le froid, car son cœur est un logis qui n’a plus de fenêtre. Ainsi, elle avait soigné la façade par un sourire faux, et personne ne voyait la tempête qui faisait rage à l’intérieur. 

Et personne n’avait osé entrer, car ils croyaient le logis hanté. Il l’était. Elle l’était. Le passé qu’elle se trimballait avait de quoi faire fuir les enfants. Mais de toute façon, son cœur est un logis qui n’a plus de porte. Et puis, dans cet espace étouffant, elle était la seule à pouvoir respirer l’air qui y planait.

Pour compléter le tableau, son cœur est un logis qui n’a plus de toit. Elle l’avait retiré pour rendre la vie plus supportable. Ainsi, elle dormait à même le sol, les yeux rivés sur les étoiles, dans la froideur du firmament. Ça lui donnait l’impression que le monde était plus vaste et qu’elle pouvait s’envoler dans ses rêves. 

Et puis un jour, elle a quitté son logis. C’était son cœur qui avait contenu tout ce qu’elle n’avait jamais aimé. Mais à présent, il était vide. Alors, elle a fait son sac à dos avec ce qui lui restait de courage et elle est partie en voyage. Elle n’avait pas de destination précise. Elle s’est juste mise en route pour remplir à nouveau son cœur.

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Inès Jacquinod

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