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Helwan Felappi

 

‘’Presque tous les étudiants qui rentrent dans ce pays sont des espions.” Cette pique du Président Trump, prononcée lors d’un dîner d’affaires, faisait clairement référence à la Chine, et illustre bien le sentiment grandissant au sein du gouvernement Américain vis-à-vis les pratiques d’espionnage de Pékin. 

Les Américains pointent du doigt non seulement l’utilisation supposée des échanges universitaires à des fins de renseignement, mais également les liens troubles entre le gouvernement et Huawei, géant des télécoms stratégiquement très impliqué dans le réseaux mondial de 5G. Toutes ces polémiques ne sont que l’énième facette des tensions qui empoisonnent de plus en plus les relations entre les deux puissances. À ce sombre tableau s’ajoutent la guerre commerciale lancée par le président Trump, et l’anxiété grandissante des États-Unis face à la montée en puissance, militaire et économique, de son grand rival asiatique. Bien que les tensions autour de la question sont quelques peu passées en arrière plan ces dernières semaines, ombragées par d’autres polémiques comme celle autour de l’impeachment de Trump, il est fort probable qu’elles occupent un rôle central dans les relations internationales des années à venir. 

Les accusations américaines, qu’elles soient fondées ou non, s’articulent autour de deux grands axe ; l’espionnage ‘’traditionnel’’ d’un côté, et celui plus moderne, mais tout aussi menaçant, de l’autre. 

Commençons par les systèmes ‘’à l’ancienne’’ qui impliquent des espions en chair et en os. Déclinantes dans l’imaginaire populaire depuis la fin de la guerre froide, ces méthodes d’espionnage semblent pourtant demeurer un pilier dans la stratégie de renseignement Chinoise. Selon les services de contre-espionnage Américains, le secteur de l’éducation et de la recherche serait particulièrement concerné.

En février dernier, un étudiant chinois a été condamné après avoir été surpris en train de photographier une base navale dans laquelle il s’était introduit. Selon le procureur, son action aurait put être motivée par le fait que la base possède certaines installations ‘’critiques’’ pour les services de renseignements de la marine américaine.  

Les accords de collaboration entre universités sont aussi considérés comme de potentiels gouffres, où des programmes d’espionnage peuvent se glisser parmi la vaste majorité, motivée par des projets de recherche légitimes.

La base navale de Key West, où se sont déroulés les faits. Copyright: New York Post

D’autres techniques d’espionnages plus dans l’air du temps sont également répandues. Fin 2018, deux hommes de nationalité chinoise ont été accusés de ‘’cyber-espionnage’’ pour avoir volé des données appartenant à des agences américaines, dont certaines d’une importance capitale, comme la NASA par exemple. De même, des cellules chinoises ont été accusées, ces dernières années, d’avoir attaqué de nombreuses entreprises américaines, dont Google, Adobe et Dow Chemicals.

L’utilisation de technologie digitale pour espionner, voir frapper, ne se limite pas à ces deux pays. Le 15 novembre dernier, une cyber-attaque a “fortement perturbé le fonctionnement’’ du CHU de Rouen. Selon un des dirigeants de la structure, un piratage d’origine inconnue a fait revenir les services de l’hôpital “à l’an un’’. Ainsi, les enjeux du renseignement et de l’espionnage informatique au XXIe siècle ont des implications bien plus grandes qu’auparavant. En effet, ce ne sont pas seulement des informations, des secrets ou bien des plans qui sont en danger. Désormais, un pays entier peut être paralysé si son infrastructure digitale est attaquée. Une nation hautement informatisée comme les États-Unis est donc particulièrement vulnérable.

La politique officielle de Pékin inquiète aussi. En effet, la loi oblige les constructeurs de téléphones chinois à collaborer avec les autorités. Ils pourraient potentiellement leur fournir les données de leurs utilisateurs. Des entreprises telles que Huawei comptent des millions de clients aux Etats-Unis, des consommateurs qui sont donc particulièrement exposés. Tout au long de l’année, les actions des dirigeants américains ont montré à quel point ils prennent cette menace au sérieux. En mai dernier, le Département du Commerce a imposé de fortes sanctions sur l’activité de Huawei. De plus, c’est à la demande des autorités américaines que Meng Wanzhou, directrice financière du groupe, fut arrêtée alors qu’elle effectuait un voyage au Canada.

Il serait infondé de dépeindre les Américains comme étant les victimes de cette situation. En effet, le journal “Nikkei Asian Review” souligne que les services de renseignement chinois ont ‘’appris des meilleurs’’, c’est-à-dire de leur rivaux d’outre-Pacifique. Effectivement, Il est possible de recenser d’innombrables exemples d’espionnage, traditionnel et moderne, perpétrés par les États-Unis. Le pays n’a pas hésité à surveiller ses propres alliés, et même ses propres citoyens. Comme illustré par les révélations de Wikileaks il y a quelques années, la NSA, une de leurs principales agences de renseignements, a épié la chancelière Allemande ainsi que des millions de citoyens américains, entres autres.

Il est difficile de savoir comment va évoluer cette facette de la relation entre les deux grandes puissances. Ni la guerre commerciale, ni les tensions en Mer de Chine ne semblant prendre fin, un certain pessimisme est de mise. Ce qui est clair, c’est que l’espionnage, surtout digital, est un élément essentiel de la compétition entre les deux pays et jouera un rôle certainement important si les tensions persistent.

 

Sources:

https://www.straitstimes.com/world/united-states/fearing-espionage-us-weighs-tighter-rules-f

or-chinese-students

https://www.politico.com/story/2018/08/08/trump-executive-dinner-bedminster-china-766609

https://edition.cnn.com/2019/02/06/us/chinese-student-photographs-military-base/index.html

https://www.bbc.co.uk/news/resources/idt-sh/Looking_for_Chinas_spies

https://www.washingtontimes.com/news/2018/apr/25/china-uses-students-as-spies/

https://www.washingtontimes.com/news/2018/apr/25/china-uses-students-as-spies/

https://asia.nikkei.com/Economy/Trade-war/China-may-be-spying-but-it-learned-from-the-best-the-US2

https://www.bbc.co.uk/news/resources/idt-sh/Looking_for_Chinas_spies

http://www.leparisien.fr/economie/frappe-par-une-cyberattaque-le-chu-de-rouen-a-tourne-au-ralenti-ce-week-end-17-11-2019-8195340.php

https://web.archive.org/web/20100918205747/http://www.wired.com/threatlevel/2010/01/google-hack-attack/

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