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Le crash du vol MH370 le 8 mars 2014 reste, même en se rapprochant de son tragique dixième anniversaire, inexpliqué. Les familles des passagers, dans une totale incompréhension, ne peuvent pas faire le deuil et ne savent pas sur qui rejeter la faute: les gouvernements, la compagnie, une organisation terroriste ? Retour sur les différentes hypothèses.

Le 8 mars 2014, un avion de la compagnie Malaysia Airlines décolle depuis Kuala Lumpur à destination de Pékin. Il disparaît des radars 50 minutes après en entrant dans l’espace aérien du Vietnam. Cependant, d’après les systèmes de communication ACARS, l’avion aurait continué à voler.

Les recherches, d’abord concentrées en mer de Chine, se déplacent rapidement vers l’océan Indien grâce à certaines données radar confirmant un changement brusque de trajectoire de vol. Le 24 mars 2014, les autorités malaisiennes déclarent l’avion perdu et les 239 passagers décédés. Les recherches continuent cependant et des “supposés débris” sont retrouvés sur l’île de la Réunion. 

En plus de l’abondance de théories explicatives aussi farfelues les unes que les autres (enlèvement extraterrestre, aspiration par un trou noir, voyage temporel) ce sont les differents acteurs géopolitiques eux-mêmes, publics ou privés, impliqués dans les recherches qui intéressent. À qui attribuer la responsabilité du vol qui a mal tourné ?

Malaysia Airlines se dédouane de toute responsabilité

Malaysia Airlines, après avoir enquêté aux côtés des gouvernements, nie toute responsabilité. Une des théories met en lumière que la compagnie, en voulant réduire les frais, aurait ainsi négligé les contrôles de sécurité, provoquant alors un problème technique qui causa le crash de l’avion. Ayant accès aux données du vol, elle aurait délibérément rendu invisible l’avion et dissimulé les données à leur disposition pour ne pas admettre leur faute.

Les autorités malaisiennes, une perceptible incompétence

La Malaisie fut perçue très défavorablement dans la gestion de cette crise: elle s’est vue reprocher son incompétence flagrante, d’abord pour son manque de réactivité puis pour ses affirmations peu convaincantes. 

Malgré les données mises à leur disposition dès le départ, il a fallu une semaine au premier ministre pour dévoiler et confirmer que l’avion avait bien eu une trajectoire différente de celle de son plan de vol. 

De plus, les communications divulguées par les autorités se contredisent : les données ACARS (Aircraft Communication Addressing and Reporting System) sont écartées dès le départ car jugées peu concluantes, avant que le gouvernement ne revienne sur ses propres propos et se contredise. 

Finalement, les autorités confirmèrent, sans enquête minutieuse, que le flaperon retrouvé sur l’Île de la Réunion appartenait bien au MH370. Cependant, cette incompétence ne serait-elle pas totalement calculée, dans un désir de dissimulation de preuves ?

La Chine entre accusations et répressions

La Chine, en soutien aux nombreuses familles chinoises des passagers, se montre dès le départ en totale opposition au gouvernement malaisien, réaffirmant les accusations d’incompétence à leur encontre. 

Confortant d’abord les proches dans les différentes manifestations qui s’ensuivent, un changement de comportement à leur égard se fait ressentir et ces derniers sont immédiatement intimidés et réprimés par la police chinoise. 

Pékin n’a lancé aucune enquête officielle sur le vol, laissant les autres gouvernements s’en charger.

Les Etats-Unis, leader des controverses

Les Etats-Unis, modèle de la grande puissance, concentrent beaucoup des accusations formulées. Tout d’abord, ils auraient par erreur cru à une attaque terroriste vers leur base militaire (Diego Garcia) et auraient abattu l’appareil. Florence de Changy, journaliste au Monde, accuse les américains d’avoir brouillé le signal et d’avoir abattu le MH370 avec leurs avions militaires AWACS : l’avion aurait transporté une nouvelle technologie volée aux américains, pour être acheminée jusqu’aux ingénieurs chinois.

Ne voulant pas avouer leur bavure, ils auraient falsifié les preuves ou étouffé les accusations. Ainsi, le simulateur de vol du pilote, intercepté par le FBI le lendemain, aurait été truqué pour accuser le pilote et se dédouaner. 

Obama aurait négocié avec les gouvernements impliqués lors de sa visite en Malaisie : à partir de ce moment, la Chine commencerait à se taire et à ne plus accuser personne.

Russie, Iran et Corée du Nord, s’armer dans un certain contexte géopolitique

2014 a été une année de fortes tensions géopolitiques : l’invasion de la Crimée par la Russie, la montée en puissance de Daesh au Moyen Orient et la peur croissante des attentats ainsi que la perception de la toute-puissance des technologies. 

Dans une ère portant autant de moyens techniques, comment est-il possible de perdre un appareil de cette dimension ? Ce contexte douteux, aux réponses tout aussi douteuses, amène l’opinion publique et les différents gouvernements à s’accuser mutuellement, dans un rapport de force.

Tout d’abord, les supposés débris, retrouvés par un américain affilié à la Russie, auraient été falsifiés : soit appartenant à un autre appareil et plongés dans l’océan Indien pour s’assurer de toute vraisemblance; soit appartenant réellement au Boeing 777, pris en otage et démantelé. 

Ainsi, la présence de terroristes pro-russes dans la liste des passagers pourrait mettre en évidence une théorie, celle Jeff Wise, ancien pilote d’avion, qui en est le premier promoteur. La prise de contrôle de la salle des appareils de communication, sous une trappe au milieu de l’allée centrale de l’appareil, facilement accessible, aurait fait disparaître des radars l’appareil et l’aurait fait atterrir au Kazakhstan, dans un désir de montrer la puissance russe aux Américains en plein conflit ukrainien. Ajoutant la présence de deux Iraniens avec des faux passeports, l’évènement pouvait faire penser à un acte terroriste islamiste soutenu par le gouvernment Iranien, cherchant à créer des tensions autour du territoire chinois.

Ces deux théories d’actes terroristes semblent cependant écartées : aucune revendication n’a été exposée au grand jour, les motifs comme quoi ce serait pour affirmer leur puissance ne semblent donc plus vraisemblables .

Finalement, la Corée du Nord est accusée par Nicolas Guégan, journaliste du Point,  d’une possible implication : elle aurait détourné délibérément l’avion et pris en otage les passagers, dont plusieurs ingénieurs présents qui pourraient l’aider dans son projet nucléaire.

Les médias pour relancer la flamme

La multitude de théories existantes a largement été propagée par les médias et les réseaux sociaux. Chacun peut ainsi ajouter son grain de sel pour appuyer ou contredire une thèse. Les médias grouillent donc de nombreuses “fake-news,” simulées via des photomontages montrant l’avion retrouvé ou alors un faux témoignage d’un passager pris en otage.

Cependant, malgré l’aspect comique de certaines théories, d’autres s’aventurèrent dangereusement en terrain politique. Sarah Bjic, qui a perdu son mari dans le vol, n’a pas cessé sa quête de vérité malgré les menaces et supposées effractions dans son domicile. Elle et d’autres dans son cas toucheraient-ils du doigt la vérité ? 

Toutes ces accusations révèlent ainsi les tensions et dynamiques géopolitiques qu’il peut y avoir entre puissances. Cependant, en les mettant en lumière, on peut se surprendre à oublier le côté humain de ce drame, les familles des passagers qui ne peuvent pas encore faire le deuil et qui restent plongées dans le doute : 

“Je me bats contre beaucoup plus forts que moi. Des gens savent ce qui s’est passé et ne veulent pas nous le dire.” Ghyslain Wattrelos, a perdu sa femme et ses deux enfants avec le vol MH370

Ghyslain Wattrelos a dédié tout son temps à partir de la disparition à essayer d’élucider ce mystère et pouvoir enfin faire le deuil de sa femme et de ses deux fils.

Une vidéo tiktok faisant apparaître le présumé Boeing 777 au milieu de la forêt relance les débats, après vérification cette vidéo complotiste fut contredite par les experts: seulement un autre avion. 

Les débris retrouvés sont bien ceux d’un Boeing 777 mais rien ne prouve encore qu’ils peuvent provenir du vol MH370. L’analyse des coquillages pourrait redonner vie à l’enquête. 

L’affiche du documentaire Netflix exposant 3 différentes théories (le suicide du pilote, le détournement russe et l’interception américaine).

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Clémence Saulnier

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