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Chaque nuit, c’est toujours la même chanson :

Je me libère du jour, ma lumineuse prison,

Et je laisse mon esprit faire la grande évasion.

Je m’engouffre dans ces scénarios délirants.

Je découvre ces décors, ces acteurs. Comme c’est marrant !

Je vois se jouer devant moi ces histoires brèves.

Avec elles jamais d’ennui, jamais de répit, jamais de trêve.

En fait, moi, la nuit je ne dors pas, je rêve.

 

La nuit, mes plus grandes peurs prennent vie

et mes plus grandes envies aussi !

La nuit, c’est le carnaval des sentiments refoulés.

Ils sortent dans les rues déguisés, cagoulés.

 

La nuit, tout d’un coup, je dois absolument acheter un médicament

Mais je ne sais pas où sont passés tous mes vêtements !

Ensuite je vais dans une pharmacie, qui fait aussi club de salsa,

Et là, je peux plus parler alors j’essaye d’expliquer ce que je veux au vendeur en pointant le médoc du doigt.

Soudain je me réveille et je me dis “Fallait que j’achète quoi déjà ?”.

 

La nuit, je prends le volant d’une voiture,

Alors que je n’ai même pas mon code.

Attachez bien vos ceintures,

Il se pourrait que ça déconne.

 

La nuit, je ne sais pas pourquoi, 

Je foire tous mes examens.

Par exemple, je suis en train d’écrire mon devoir, 

Et là je me rends compte que j’ai une banane à la place d’un stylo dans la main !

 

La nuit, je revois aussi des visages familiers,

Ces gens que je ne vois plus trop parce que… 

“Tu sais, c’est compliqué”.

C’est chouette de les recroiser,

Sauf qu’ils s’en vont, sans m’avoir remarquée.

A ce moment-là je me réveille, et ils recommencent à me manquer.

 

La nuit, je fais aussi le ménage de printemps,

Je nettoie tous les placards.

Je me débarrasse de ces monstres oubliés depuis longtemps

Pour ne plus avoir peur dans le noir.

 

La nuit a un langage étrange.

Non pas que ça me dérange,

Mais elle communique par signaux, 

Et par symboles qui sont presque aussi dure à lire que le tarot.

J’espère qu’elle n’avait rien d’important à me dire

parce que moi, je n’ai rien compris !

 

Mes nuits sont pleines de frissons.

Je vis successivement, les peurs, les rires, les larmes et les émotions.

Mes nuits sont mouvementées.

Parfois j’ai peur de me faire emporter.

Elles ont aussi l’inconvénient

De pas être très reposantes.

 

Alors aujourd’hui, en cours, je me suis encore endormie.

Les rêves m’attirent quand même beaucoup d’en-nuits.

Mais ce n’est pas grave, le monde est effrayant aussi, dehors.

Alors pour m’en protéger, je ne vis pas, je dors. (zzz)

 

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Inès Jacquinod

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