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Crédit: Stéphane de Sakutan – AFP

Se faire une place dans le milieu très masculin du cinéma semble toujours difficile pour les femmes. Malgré les progrès réalisés ces dernières décennies en matière d’égalité des sexes, les femmes continuent de faire face à de nombreux défis dans cette industrie. L’un des défis les plus persistants pour les femmes est la sous-représentation dans des postes clés tels que la réalisation, la production et l’écriture. En effet, les femmes ne représentent toujours qu’un quart des réalisateurs en Europe et travaillent souvent dans des équipes majoritairement masculines. 

Les cérémonies de récompenses cinématographiques n’ont pas toujours mis le talent des femmes en lumière. Mais des progrès sont à souligner. Le vendredi 23 février s’est déroulée la 49ème cérémonie des César. Justine Triet, réalisatrice de Anatomie d’une chute a été la grande star de la soirée en remportant 6 trophées dont celui du meilleur scénario ou encore de la meilleure actrice. En remportant le César de la meilleure réalisation, Justine Triet devient seulement la deuxième femme cinéaste de l’histoire à recevoir cette récompense. De plus, la réalisatrice marque un succès international avec ses 5 nominations pour la cérémonie des Oscars. Elle est notamment nominée dans la catégorie meilleure réalisation. Son thriller Anatomie d’une chute a attiré plus d’un million de spectateurs en France. Le film met en scène le procès d’une femme accusée d’avoir tué son mari.

En ce qui concerne les Oscars, les nominations récemment divulguées ont fait couler beaucoup d’encre. La 46ème édition se déroulera le 10 mars. Le film de Christopher Nolan Oppenheimer mène la danse avec 13 nominations dont celle du meilleur film et du meilleur acteur avec Cillian Murphy. Mais ce sont les nominations concernant le film Barbie de Greta Gerwig qui ont le plus choqué. En effet, Ryan Gosling (Ken) se voit nominé dans la catégorie meilleur second rôle masculin, tandis que Greta Gerwig et Margot Robbie se retrouvent sans nomination. Beaucoup ont accusé ces décisions de reproduire ce que le film dénonce. Cependant, il est aussi important de constater des progrès majeurs. Dans la catégorie meilleure actrice, et pour Killers of the Flower Moon, Lily Gladstone pourrait devenir la première Amérindienne à recevoir cette récompense. Elle serait même la première à être primée d’un Oscar. Par ailleurs, Emma Stone pourrait aussi rentrer dans l’histoire en devenant la deuxième femme à remporter la statuette de la meilleure actrice et celle du meilleur film, pour Poor Things

D’autre part, on ne peut pas parler de cinéma et de la cérémonie des César 2024 sans parler de Judith Godrèche. Il y a peu, la réalisatrice a dévoilé une série qu’elle a créée pour Arte, Icon of French Cinema, et dans laquelle elle évoque sa jeunesse. Elle raconte l’histoire terrible de l’emprise d’un cinéaste de 39 ans (Benoît Jacquot) sur une jeune adolescente de 14 ans. Les deux se rencontrent dans les années 80, sur le tournage du film Les Mendiants, et c’est à ce moment que la relation a débuté. Ce cauchemar durera six années pour la jeune comédienne. Judith Godrèche dénonce une entreprise de “prédation” : elle déclare n’avoir jamais donné son consentement et a d’ailleurs porté plainte contre le réalisateur. 

Lors de la cérémonie des César, Judith Godrèche a marqué l’audience avec un discours qui a été longuement ovationné. Son témoignage et son documentaire ont déclenché une nouvelle vague MeToo au sein de l’industrie du cinéma français. L’actrice a pris la parole afin de condamner la mainmise de certains hommes sur des jeunes filles dans l’industrie du cinéma: “Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie, soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ?”. Elle dénonce ce milieu où les violences sexuelles sont encore trop présentes et souvent cachées, et appelle à une “révolution”, une libération de la parole. L’actrice souhaite que cette industrie dévoile enfin la réalité des violences sexistes et sexuelles pesant sur les femmes du milieu. 

Malgré des progrès réalisés concernant la représentation des femmes dans l’industrie cinématographique, comme observé lors de cérémonies comme les César ou les Oscars, il reste beaucoup à faire, notamment pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et créer un meilleur environnement de travail pour les femmes. Le mouvement #MeToo a permis de mettre en lumière les abus sexuels et les comportements prédateurs dans l’industrie du cinéma, soulignant le déséquilibre de pouvoir entre hommes et femmes. Bien que le mouvement ait contribué à sensibiliser davantage aux problèmes de harcèlement et de discrimination, beaucoup d’améliorations sont encore nécéssaires. De plus en plus de voix se font entendre pour exiger une plus grande équité et une lutte contre les violences sexuelles.

 

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Aziadé Lentz

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