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Je n’ai jamais compris pourquoi les poètes s’obstinent à raconter leurs histoires d’amour

Sous toutes leurs coutures. 

Je n’ai jamais compris pourquoi ils racontaient toujours les histoires de ces sentiments, peut-être beaux, mais assez exclusifs,

Qui reste le secret de l’amoureux alchimiste.

Je n’ai jamais compris pourquoi les poètes préféraient parler de ce grand amour mystérieux,

Alors qu’ils taisent souvent l’amour qu’on a toujours sous les yeux :

L’amour ami

L’ami d’amour

L’amour pour tous

L’amour facile, mais qui nous touche

L’amour des souvenirs partagés

L’amour des fous rires échangés

L’amour des fêtes d’anniversaire

L’amour qui fait durer les repas

À jamais en manger le dessert

L’amour qui ne se néglige pas.

L’amour moins dur à faire tenir

En espérant qu’il dure à l’avenir.

L’amour en moins sensationnel,

Qui en reste néanmoins fusionnel.

En clair : l’amitié

Cette amitié paisible

Cet amour simplifié

Loin des désirs imprévisibles

À lui, on peut se fier.

L’amitié, c’est un amour moins intime,

Mais c’est aussi un amour que l’on sous-estime.

L’amitié, je me dis parfois que c’est l’amour des enfants,

Celui qu’on aimerait garder en nous pour affronter le temps,

Celui qu’on regrette d’avoir laissé partir parce qu’on rigolait bien, avant.

C’est l’amour de la jeunesse

Qui en nourrit toute son ivresse

Et sa douceur aussi.

L’amitié est comme une caresse,

Comme un câlin réconfortant quand on se blesse,

Comme un pansement que l’on peut mettre sur tous les bobos,

Comme un doudou que l’on sert quand on a peur de faire dodo.

Alors, moi, à tous ces poètes, je leur dis

Qu’il est temps de ranger leurs amours de tragédie

Pour nous donner un spectacle plus accessible,

Un spectacle pour ceux, qui de Cupidon ne sont pas la cible,

Mais ceux qui ont tant aimé

Et qui aiment encore et toujours

De cet amour de tous les jours.

Loin de l’amour de luxe, l’amitié est l’amour du quotidien

Qui peut être donné à tous ceux qui le veulent bien.

L’amitié, c’est l’amour le plus généreux

Et contrairement à ce que l’on dit, il suffit pour être heureux.

Donc aujourd’hui, je ne voulais pas faire une poésie de ces choses impalpables dont la complexité alimente nos désirs impatients.

Moi, je voulais faire une poésie de l’évidence,

Une poésie de cet amour mûr, qui, dès le début de la saison, nous attrape,  

De cet amour sûr, qui garde notre coeur intact,

De cet amour spectaculaire, qui ne donne pas le trac.

Je suis peut-être une ignorante, trop jeune pour connaître ce qu’est le vrai amour.

C’est vrai que jusque-là, j’ai esquivé Cupidon et toutes ses flèches,

Mais l’existence, moi, je la savoure,

Car j’ai appris à vivre d’amitié et d’eau fraîche. 

Alors, à tous mes amoureux oubliés de la poésie,

Vous qui formez cette famille que l’on choisit,

Je vous dédicace ces quelques rimes de frénésie amicale,

Où je vous rappelle combien votre rôle est crucial.

Et pour conclure cette déclaration,

Je vous présente mon immense admiration,

À vous, les amoureux qui ne font pas l’amour,

Les gens qui s’aiment et qui n’attendent rien en retour :

Pas de mariage, pas d’enfants, pas de promesse pour toujours,

Mais quand on a besoin de vous, vous êtes là au quart de tour.

Ainsi, je ne vous jurerai pas de vous aimer à la mairie,

Mais je vous jure de vous aimer à en rire,

Et on rit beaucoup,

Et mon cœur déborde, merci pour tout.

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Inès Jacquinod

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