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Crédit: Ambassade des Etats-Unis à Tel Aviv. 2017.

Ce que l’on a appelé « l’effet Trump », c’est-à-dire le fait que les acteurs internationaux ajustent leurs décisions en fonction de l’arrivée prochaine de Trump à la Maison Blanche, s’étend déjà au Moyen-Orient. Alors que la guerre entre Israël et la Palestine persiste, le président élu Donald Trump a fait de nombreuses promesses sur la manière dont il compte gérer la situation. Bien qu’il n’ait pas précisé comment il pourrait traiter ce conflit controversé, il a répété à de nombreuses reprises, lors de rassemblements et d’interviews, son intention de « ramener la paix au Moyen-Orient ». Conformément à son idéologie « America first » (l’Amérique d’abord), il semble logique que Trump veuille mettre fin à une guerre qui a déjà beaucoup coûté aux États-Unis. Selon le Council on Foreign Relations, les États-Unis se sont engagés à verser à Israël 3,8 milliards de dollars par an jusqu’en 2028, dont la majeure partie est destinée à son armée. Alors, comment Trump pourrait-il mener à bien cette paix sur laquelle des dirigeants du monde entier travaillent depuis 14 mois ? Comment pourrait-il convaincre Netanyahou de renoncer à son objectif de « victoire totale » sur le Hamas ?

Par le passé, Donald Trump et Benyamin Netanyahou ont déjà eu l’occasion de travailler ensemble durant le premier mandat du président américain. Le déménagement controversé de l’ambassade américaine de Tel-Aviv (la capitale économique) à Jérusalem (ville officiellement revendiquée comme la capitale historique de l’Etat juif mais qui, selon l’ONU, a le statut de ville internationale) en Israël, est un premier exemple. Bien que ce déménagement ne soit pas une initiative de Trump, il s’agit tout de même d’une décision de sa part. En effet, en 1995, le Congrès a adopté le Jerusalem Embassy Act qui incitait le président à déplacer l’ambassade des États-Unis, mais depuis lors, pour des raisons diplomatiques (respecter le statut international de Jérusalem établi par l’ONU), les présidents américains avaient signé chaque année des dérogations pour retarder l’application de la loi. Trump a choisi de ne pas poursuivre cette voie en décembre 2017, tournant dos à toute discussion avec des associations palestiniennes et solidifiant son engagement en faveur d’Israël. De plus, durant son premier mandat, Trump a nommé David Friedman comme ambassadeur en Israël, et celui-ci a déclaré lors d’interviews que Trump serait ouvert à l’annexion par Israël de certaines parties de la Cisjordanie, envoyant un feu vert aux partenaires de la coalition de Netanyahou (composée majoritairement de partis de droite conservatrice) pour accélérer la colonisation. Colonisation qui remet constamment en cause les plans de l’ONU sur le partage de la région entre Israël et Palestiniens.

Pourquoi prendre ces décisions largement controversées, selon des experts de la diplomatie américaine, au lieu de suivre les conventions ? Un premier élément de réponse se trouve peut-être dans l’électorat de Trump lui-même. Selon des études, environ 8 électeurs évangéliques blancs sur 10 votent pour Donald Trump, ce qui représente environ 20 % de son électorat. Et justement, cet électorat n’est pas neutre sur les questions moyen-orientales. En effet, selon leur foi, les Juifs doivent posséder leur État en Israël pour que la « seconde venue de Jésus » se produise, ce que l’on appelle le sionisme chrétien. Cette idéologie joue un rôle important dans les décisions de Trump, car un grand nombre de ses partisans l’adoptent. Des sondages ont également montré que plus de 60 % des évangéliques blancs pensent que l’action militaire d’Israël à Gaza est justifiée et que les États-Unis n’aident pas suffisamment Israël. L’idée de paix de l’électorat de Trump n’est donc pas très éloignée de celle de Netanyahou. En effet, pour eux, le Premier ministre israélien doit tout faire pour défendre son pays et les États-Unis doivent être là pour l’aider. 

Par ailleurs, l’État d’Israël sait qu’il a un allié solide en la personne de Trump. Des interviews montrent notamment que plus de deux tiers des Israéliens accueillent avec joie  sa victoire. Netanyahou a aussi précédemment qualifié Trump comme le « meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche ». Les deux hommes s’étant même trouvés des surnoms, cette figure “d’ami” contribue alors à l’affinité que Trump semble porter à l’État juif. À titre d’exemple, son beau-fils Jared Kushner entretient des liens étroits avec le Premier ministre israelien. En effet, la famille Kushner et Netanyahou partageaient des relations d’affaires, ce qui a contribué à forger une amitié solide entre les deux hommes. Ainsi, Kushner a travaillé aux côtés de Netanyahou pendant quatre ans, de 2016 à 2020, en tant que “senior advisor” du président Trump, ce qui a notamment permis d’entamer la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes environnants. Efforts qui ont finalement mené à la signature des Accords d’Abraham, qui, par exemple, ont établi pour la première fois des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite, allié historique de la Palestine et membre important de la Ligue arabe, et Israël. Kushner se présente alors comme le nouvel ambassadeur de la cause sioniste auprès de ses plus anciens ennemis (la Ligue arabe). Néanmoins, cela se fait toujours au dépens des Palestiniens qui ont vu, en parallèle, une montée en puissance des colonisations de la West Bank

Ainsi, nous ignorons encore ce que l’avenir réserve au pays du Levant, mais l’arrivée de Trump est déjà en train de tout bouleverser. La fin de la guerre n’a jamais été aussi incertaine et Trump arrive dans un contexte de haute tension au sein de la communauté internationale. Le mandat d’arrêt contre Netanyahou et la situation humanitaire à Gaza, qui empire chaque jour passant, ajoutent encore à la complexité diplomatique de l’affaire. Cette situation a notamment récemment mené Trump lui-même à critiquer certains aspects de la politique israélienne. Alors, pourra-t-il faire ce que Biden n’a pas su faire ? Optera-t-il pour un accord de paix classique suivant le modèle des accords d’Oslo, ou nous surprendra-t-il comme il l’a fait lors de son premier mandat ?

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