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Alors que les relations franco-algériennes étaient déjà mises à mal depuis qu’Emmanuel Macron a reconnu, fin juillet dernier, la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, la visite d’État au Maroc, qui s’est déroulée du 28 au 30 octobre 2024, a assené un coup de massue aux relations entre Paris et Alger. 

Le Maroc apparaît comme un pays aux atouts potentiels aux yeux de la France, et surtout comme une plateforme de projection vers l’Afrique, continent où la présence française s’est fortement amoindrie ces dernières années. De ce fait, Paris cherche à se rapprocher de Rabat alors que les relations bilatérales avec le Royaume chérifien étaient jusqu’alors au point mort depuis trois ans. Ainsi, la visite d’État du Président français dans la capitale marocaine vise à solenniser la réconciliation avec le Royaume du Maroc.

La lettre d’Emmanuel Macron, adressée au Roi Mohammed VI à l’occasion de ses vingt-cinq ans de règne, a ouvert la voie à la réconciliation entre Paris et Rabat. Rompant avec la doxa diplomatique à propos du différend sur le territoire du Sahara occidental, le Président français a, pour la première fois, reconnu la souveraineté marocaine sur ce territoire, en affirmant que le plan d’autonomie proposé par le Maroc « constitue la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable ».

Consécutivement au soutien apporté par Paris au plan d’autonomie de Rabat pour le Sahara occidental, le Roi Mohammed VI a adressé une lettre d’invitation au Président français, dans laquelle il se réjouit des « horizons prometteurs qui se dessinent pour [les] deux pays ». C’est ainsi que la délégation française a atterri le 28 octobre à l’aéroport de Rabat, pour une visite d’État. Cette visite officielle a véritablement fortifié les relations entre les deux États. Pour preuve, vingt-deux accords de coopération couvrant divers domaines stratégiques ont été signés durant une cérémonie. En amont de cet événement, une déclaration relative au « partenariat d’exception renforcé » entre le Royaume du Maroc et la République française était justement signée par le Roi Mohammed VI et le Président Emmanuel Macron. Par ailleurs, ce dernier a proposé au roi, devant le Parlement marocain, d’inscrire les deux pays dans un « nouveau cadre stratégique ». En ce sens, un texte pourrait être signé en 2025 à Paris lors d’une visite royale, à l’occasion du 70e anniversaire de déclaration de La Celle-Saint-Cloud, qui avait ouvert la voie à l’indépendance du Maroc.

Cette réconciliation entre la France et le Royaume du Maroc n’a pas manqué de susciter une nouvelle crise avec l’Algérie. Si l’Algérie ne revendique pas sa souveraineté sur le Sahara occidental, il faut noter que ce contentieux géopolitique est un point majeur de friction dans sa rivalité régionale avec le Maroc. À cet égard, le professeur Jacob Mundy a déclaré qu’ « une fois qu’il est devenu clair que le Sahara occidental allait faire partie du projet expansionniste marocain, […] l’Algérie s’est inquiétée ». Ainsi, par la reconnaissance de la souveraineté marocaine, « le Gouvernement français a fini par donner sa caution […] au fait colonial imposé au Sahara Occidental », a estimé la diplomatie algérienne. Ainsi, suite au geste de réconciliation de M. Macron, Alger a rappelé son ambassadeur en France.  Cet acte renvoie « à l’ultime niveau d’alerte avant la rupture pure et simple », pour le quotidien algérien L’Expression. Quant à sa visite en France, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune a qualifié de humiliante l’idée de se rendre à Paris. Cette hostilité algérienne est alimentée par, selon l’Algérie, un déni de la France, du droit international et du droit des peuples, notamment « sahraoui », à disposer d’eux-mêmes.
Ainsi, alors que la France cherchait à éviter l’ennui du « jeu à somme nulle » au Maghreb, la réconciliation avec le Royaume du Maroc remet les compteurs à zéro. Dans le contexte de rivalité exacerbée entre les deux voisins, M. Macron semble avoir du mal à convaincre Alger que la position française « n’est hostile à personne », comme il l’a affirmé à Rabat. Cependant, selon des spécialistes, Paris ne devrait pas oublier l’Algérie, un partenaire important dans bien des domaines, ni à tout jouer sur le Maroc, un pays qui a une gouvernance qui peut être instable.

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