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Depuis la moitié du 19e siècle, l’art contemporain s’impose sous toutes ses formes et pratiques  : peintures abstraites, installations d’objets, ou performances et autres actions artistiques. Bâti dans la volonté de s’éloigner des convenances, ce nouvel art rencontre un public dubitatif. 

Un paradoxe du ridicule entre le prix et la toile 

D’un côté, des toiles d’enfants « prodiges » se vendent par milliers, de l’autre, l’art contemporain est considéré comme ridicule par une part importante du public. Sa volonté est plutôt noble, mais il rencontre des difficultés à plaire aux spectateurs : une partie de l’art semble être progressivement réservée à une minorité.

En effet, la vente d’œuvres à des prix exorbitants est un phénomène récurrent, comme l’œuvre Comedian (« Banane scotchée au mur ») , qui a été vendue à 6,2 millions de dollars. Beaucoup se demandent aussi si le marché de l’art se moque de ses clients, quand sont vendues des toiles réalisées par des enfants, comme Laurent Schwartz, qui, à 2 ans seulement, produit des toiles vendues à près de 7000 euros.

L’art, élitisme caché ou le fruit d’un réel talent? 

La vente de telles œuvres à des prix exorbitants est critiquable, mais l’art contemporain souffre de fausses accusations sur sa qualité et sur son authenticité. Pourtant, en essayant de s’émanciper de l’esthétisme académique du 19e siècle, l’art contemporain questionne les limites de l’art, tentant de le rendre plus libre par rapport à avant, quand son accès était plus limité aux élites. Aplats, croquis d’enfants, urinoir, bonbons, nourriture… Tout peut devenir art. L’intérêt de l’œuvre règne dans le message et l’intention. Cependant, dans cette noble volonté, l’art contemporain aggrave le fossé entre riches et pauvres. Pas seulement à travers ses prix, mais également dans sa compréhension. 

Une discipline complexe malgré les critiques 

Face aux accusations d’un art qui imite celui des enfants, les artistes répondent bien souvent par l’affirmative. Picasso disait : « Quand j’avais leur âge, je dessinais comme Raphaël, mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme eux. ». En revanche, cette spontanéité n’est pas synonyme d’une discipline plus accessible.

Des génies incompris ? 

L’art contemporain se cache souvent derrière des interprétations qui peuvent sembler incompréhensibles pour le spectateur. Les artistes sont parfois considérés comme des génies incompris. Leur travail peut alors apparaître comme « supérieur intellectuellement ». Une vision erronée de l’art contemporain : l’art lui-même n’a pas de “but” à comprendre, seulement des intentions.  Le seul vrai but est de s’y intéresser avec un esprit ouvert. 

Toute œuvre, de tout genre, est censée être abordable au spectateur. L’art contemporain tente de soutenir l’idée qu’il faut le vivre et le ressentir. Derrière les Multiformes controversées de Mark Rothko, se cache la souffrance d’après-guerre. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors qu’envisager l’humanité était devenu impossible, les formes et les couleurs permettent de remplacer les sujets figuratifs humains. Il affirme que ses œuvres sont faites pour être vécues.

Ainsi, cacher l’intérêt de ces œuvres derrière le fruit d’un génie incompris  détériore l’idée de l’art et renforce son côté élitiste.

Comment comprendre une œuvre et sa démarche sans éducation artistique ? Le but même de l’art est de partager des émotions ou réflexions au spectateur. Chose de plus en plus impossible sans avoir une forme d’éducation artistique. À titre d’exemple, les Candy Stack de Felix Gonzales-Torres sont composées de nombreuses métaphores, mais d’apparence, cette œuvre est un tas de bonbons empilés. Cependant, l’œuvre a pour but de refléter le mécanisme de propagation du virus du sida. Le  poids total des bonbons, 136 kilos, correspond à la somme des poids de l’artiste et de son compagnon, mort du sida. Chaque bonbon pris par un visiteur imite la propagation même du virus. Au fur et à mesure, le tas se réduit et représente les corps et la vie des amants qui disparaissent petit à petit. Une interprétation remplie de sens, mais inaccessible pour un spectateur qui n’en a pas connaissance au préalable. Expliquée, l’œuvre pourrait peut-être attirer un public différent.

La sur-complexité de cet art peut rendre le spectateur hostile. L’intention de l’art contemporain n’est pas mauvaise, mais ancrée dans un problème de perception d’élitisme, qui renforce ce sentiment d’incompréhension pour le spectateur.

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    Marianne Rosset

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