By Marine Carbonnel.
Paris 19, Métro Porte de la Villette. Il est 14h, le grand rassemblement de François Fillon débute dans une heure, mais déjà une foule d’imperméables noirs et de manteaux longs convergent vers le Hall B. On se presse, on sympathise, on sort les drapeaux tricolores (« ah oui, oui, oui, Josiane, c’est le drapeau que j’avais pour Nicolas »), on attend, on regarde avec envie ceux qui passent enfin les barrières de sécurité, on s’impatiente. Soudain, la sécurité arrête le flux. Plus de places, déjà ? On s’affole, comme si les portes du paradis venaient de se fermer sur notre pitoyable sort. Il n’en est rien, une feinte pour nous exalter- ou plus exactement, compter les 13000-15000 participants.
« Tu fais partie des jeunes avec Fillon ?
-Non. »
Qu’à cela ne tienne ! L’organisatrice me remet un t-shirt safre estampillé d’un « F » au cœur et d’« Equipe Fillon » au dos, un drapeau et un bracelet rose. Je me faufile vers le carré jeune, situé au-devant de la scène. Derrière moi, les gradins sont essentiellement remplis de crânes blancs, dégarnis et chauves. Ce n’est pas étonnant que l’on m’ait glissé « allez-y, passez, il faut des jeunes devant les caméras ».
Je ne vais pas vous faire un résumé détaillé du meeting, cela a déjà été fait. C’est d’ailleurs amusant de voir ce qui a été délaissé ou du moins minimisé dans ces synthèses, tels que l’hommage rendu aux fonctionnaires et l’importance de s’intéresser aux déserts médicaux, au profit de l’émotion que suscite l’affaire Penelopegate. Je ne parle même pas de l’absence médiatique de Lagarde (« la limace » selon un exaspéré à côté de moi) tout bonnement invisible sur les lives Tweet, et celle de Calmels, qui a récemment lancé DroiteLib, un mouvement « libéral et humaniste » empiétant l’électorat de Macron. Ni ce dernier ni Hamon, deux visages des « quatre gauches », ne sont épargnés par les jeunes Fillonistes, qui rengainent dès qu’ils le peuvent « Ni Hamon, ni Macron, la jeunesse avec Fillon ».
Ces chants ne sont toutefois que de maigres élans de ferveur par rapport à l’apothéose que reçoit Fillon lors de son discours. En même temps, que demander de plus que des devoirs pour les étrangers avant leurs droits, la revalorisation des petites retraites, la promesse familière de travailler plus pour gagner plus ? Bref, que demander de plus qu’une France libre ?
Le remplacement de la nouvelle musique de la campagne par l’ancienne. Ceci est tout à fait sérieux. Vous vous attendiez certainement à ce que j’écrive « un candidat sans affaires judiciaires ». Cela aurait été trop prévisible, bien que recevable. Non, je vous assure que ce regret est véritablement partagé par des jeunes Fillonistes que j’ai eu l’opportunité de rencontrer à l’issue du grand rassemblement. Ils sont, bien sûr, déçus par les emplois fictifs qui ébranlent l’image intègre de Fillon, encore plus j’imagine trois jours plus tard. Mais la question du choix musical semble particulièrement les intéresser. Je n’aurais jamais deviné qu’un jour, j’allais me retrouver sur l’A4 à écouter (et à m’ambiancer sur) la musique de Fillon ! Alors qu’une amie m’envoie des articles de Libé et des Inrocks, affligée par le candidat de droite, mes nouveaux acolytes m’expliquent que l’ancienne musique était plus entraînante et surtout, de gamme majeure, contrairement à la nouvelle qui est de tonalité mineure. Une simple remarque : « La chanson de Sarkozy était en mode majeur en 2007 et mineur en 2012 ». Le début de la fin pour Fillon ? Pas pour mes covoitureurs, qui ont prévu d’égayer les rues rémoises avec les affiches de leur candidat.
A leurs nuits de collage et à celles de leurs concurrents.
Pour ma part, Filloniste d’un jour, adieu.
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