By Emma Pique.
Il est des jours qui marquent les esprits politiques. Pour moi ce fut le 19 mars 2017 au meeting de Benoît Hamon à Bercy. Après une soirée post-midterm bien arrosée, le réveil fut quelque peu difficile mais il en valait la peine. Un groupe de sciences-pistes aux esprits encore embrumés se retrouva sur le parking de ce cher René Tys afin de prendre un bus affrété par la campagne pour se rendre à Bercy. Au sortir du bus, les centaines de personnes affluant vers la salle donnaient bon espoir quant au succès du meeting. Il en est de même du temps qu’il nous a fallu pour pénétrer dans le palais omnisport. Je pouvais ainsi observer à loisir les gens qui s’y rendaient : femmes, hommes, jeunes, quadras, quinquas, seniors, toutes classes sociales confondues. Une fois entrée, je me suis vue confiée un drapeau des MJS au message féministe ; le hasard faisait bien les choses. Notre petit groupe s’est ensuite dirigé vers la fosse, où étaient regroupés les militants les plus jeunes. Interludes musicaux et discours d’élus socialistes ont rythmé l’après-midi. Nous avons entendu pêle-mêle un groupe de rock yiddish, Najat Vallaud-Belkacem, Yannick Jadot et General Elektriks.
Vers 15h, l’organisation de la campagne annonce que « Bercy explose » : les 20 000 places que compte la salle sont occupées et 5000 personnes suivent la retransmission du meeting sur écran géant. Le pari semble alors réussi .La dernière à prendre la parole avant Benoît Hamon et ce sous les applaudissements de tout Bercy, fut Christiane Taubira. Son discours commença, plein de malice, par cette phrase « est-ce que vous réalisez que nous sommes invincibles ? ». La suite de l’intervention fut drôle et pleine d’esprit, l’ancienne Garde des Sceaux envoyant des piques bien senties à François Fillon et Emmanuel Macron pour ne pas les nommer. Comme à son habitude, l’inspirée et inspirante femme politique a fini son discours par un mot d’Aimé Césaire, redonnant espoir en notre destin collectif : « l’ombre nous gagne mais nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre ».
A 15h40, le candidat entre en scène, acclamé par une foule scandant « Hamon président ». Peu après le début de son discours, il invite la salle à respecter une minute de silence en mémoire des victimes du terrorisme. 20 000 personnes se taisent alors à l’unisson, solennellement, gravement. Le candidat livre alors un discours puissant, truffé de références à l’héritage socialiste, à l’histoire de la France, à notre culture. Il porte un vibrant appel à la jeunesse française : « Omar, David, Jonathan, Sylvie, Bilal, Rebecca : vous êtes la France, ne baissez pas la tête. Soyez un peuple fraternel ». Enfin, Benoît Hamon, se livre à un plaidoyer féministe, commençant par cette phrase : « Je dis à la petite fille, à la jeune femme qui m’écoute, j’ai hâte que tu sois ici à la place que j’occupe ». L’émotion emplit les yeux du candidat ainsi que les miens, frappés par la beauté et la sincérité d’un message si nécessaire.
Le meeting s’achève aux alentours de 17h, sur une note d’espérance rafraîchissante et tellement essentielle, après 1h30 de discours passée en un éclair si ce n’est un mal de pieds naissant. Dans le bus me ramenant à Reims, je prends conscience d’avoir vécu un moment sans nulle pareille. Un moment fraternel, un moment puissant, un moment magnifique. Peu importe les sondages, le 19 mars, le cœur du peuple de gauche a battu et il a repris espoir.
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