L’Europe et Sciences Po, c’est une valse passionnée. Et du Master Affaires Européennes aux publications régulières des Presses de Sciences Po sur le sujet, les étudiants sont au coeur du mouvement. Sujet incontournable, les 28 animent de nombreuses associations au 27. Entre convergences et différences, éloge et critique, La Péniche fait le point.
La fibre fédéraliste
Résolument fédéralistes, les Jeunes Européens Sciences Po s’activent, parfois un peu trop dans l’ombre, pour sensibiliser les jeunes à la cause européenne.
La section sciences piste compte vingt membres actifs pour plus de soixante-quinze adhérents. Elle développe des programmes ouverts à tous les étudiants.
Les évènements prévus cette année sont ambitieux. Un jumelage avec une section des JE récemment créée à Londres est à l’ordre du jour, dans un contexte de référendum éventuel sur « une Brexit » en juin 2016.
Malgré une énergie déployée considérable, les Jeunes Européens ne sont pas toujours très visibles dans l’école. La Présidente avoue que « beaucoup de notre énergie est dépensée sur nos activités et nous ne sommes pas toujours performants quand il s’agit de communiquer. Évidemment nous cherchons à nous améliorer. »
La deuxième association ouvertement fédéraliste est à trouver en la personne des Europeans Now, connue quant à elle pour une communication enthousiaste et festive.
« L’association souhaite promouvoir le débat public sur l’Union Européenne. Nous sommes partis du constat que l’Europe ne fait plus rêver et qu’il faut redorer son blason. Il faut la « rendre sexy » pour donner à chacun l’envie d’apporter sa pierre à l’édifice » explique Sébastien Chapotard, trésorier.
Europeans Now a déjà réalisé plusieurs coups en organisation des conférences sur l’Europe de la Défense ou l’Europe de l’énergie mais semble être moins en vue depuis quelques temps par manque de nouveaux adhérents motivés et déliquescence du bureau.
Il n’en demeure pas moins que les responsables comptent bien poursuivre leur oeuvre en développant cette année des « petits évènements types cafés-débats ou débats inter-partis ». Sébastien Chapotard lance même un appel : « Nous souhaitons accueillir le maximum de 1A sensibles aux idées européennes et prêts à s’investir avec d’autres jeunes ». Et poursuit : « Nous sommes convaincus que l’extrême droite nationaliste et eurosceptique ne doit pas être la seule à monopoliser la parole lorsqu’il est question d’Europe. »
Dans de tels discours, ne pourrions-nous pas envisager un rapprochement ? « Les Jeunes Européens font partie d’un réseau hors de Sciences Po – le Mouvement Européen France. Je nous crois également plus militants et politiques même si nous restons résolument transpartisans ! », considère Pauline Vidal.
Même son de cloche du côté de Europeans Now qui précise : « Nous sommes résolument indépendants de toute structure, et nous n’organisons pas le même type d’évènements. »
Une volonté de débat et de contradiction
D’autres sciences pistes ne sont pas de cet avis et sont bien décidés à faire entendre leurs voix.
Côme Delanery, le responsable, pour cette année 2015-2016, de Critique de la Raison Européenne (CRE) fait partie de ceux ci. Il nous explique que « L’association fondée en 2013, cherche à ouvrir le débat sur l’U.E. à Sciences Po, où il manque cruellement alors même que dans la société française il est permanent et que dans toute l’Europe on voit de plus en plus que les peuples veulent en finir avec cette construction antisociale et antidémocratique. »
CRE compte une quarantaine de membres actifs, issus de toutes les promotions, qui participent à un programme chargé. « On fait des dîners informels ensemble, on tient des tables, on écrit des articles pour le journal Souveraineté que nous avons lancé l’an dernier et puis on organise quelques conférences », rappelle le responsable.
Plusieurs confrontations avec les autres associations ont été organisées l’année dernière, comme le débat sur le TAFTA avec les Jeunes Européens ou la conférence sur l’avenir de l’euro avec Henri Guaino, co-modérée par l’UMP Sciences Po.
Beaucoup de personnalités de renom ont été par ailleurs invitées par le passé comme Jean-Pierre Chevènement, Pierre Manent ou encore Périco Légasse.
Les membres de l’association assurent que « de belles têtes d’affiche sont à prévoir pour l’an prochain » ainsi que des débats avec les autres associations européennes. La très probable arrivée d’une section FN à Sciences Po (dont certains fondateurs sont d’anciens membre de CRE), promet quelques émotions…
Toutefois, Côme Delanery insiste pour que l’on ne voit pas les sympathisants de CRE comme des euro-saboteurs primaires. « A CRE, on aime l’Europe plus que tous ceux qui veulent lui imposer austérité et technocratie » martèle-t-il. Les membres de CRE se définissent eux-mêmes comme des « euro-réalistes ».
A noter que d’autres organisations comme Contre-Courant Sciences Po manifestent également des velléités eurosceptiques.
De la nouveauté en perspective
Du côté du campus de Menton, une antenne d’EuropaNova, un think tank animé depuis quelques temps par Guillaume Klossa, a vu le jour.
Jeremy Lucky, le fondateur, s’en félicite : « Avec cette initiative, j’espère réunir tous les étudiants désireux de débattre sur différents sujets traitant de l’Europe », déclare-t-il.
Pour autant, l’étudiant en première année ne souhaite pas développer une association qui ouvrirait la voie à des thèmes trop polémiques. Il assure que son but « n’est pas de discuter d’austérité mais de structurer les participants en groupes de travail sur des sujets tels que la gouvernance économique de l’Union, l’Europe sociale ou les enjeux énergétiques communautaires. »
Le programme de cette nouvelle association – si elle est reconnue en octobre – est pour le moins ambitieux. En effet, son fondateur envisage d’organiser un cycle de conférences avec une pléiade d’invités d’honneur dont les noms n’ont pas encore été portés à notre connaissance.
Il tentera, par ailleurs, de développer des projets en parallèle. Ainsi il espère « encourager les étudiants des grandes écoles de commerce à prendre part dans ces débats » et il les invite d’ores et déjà à participer à des évènements chapeautés par le noyau central du think tank, comme la sixième édition des États généraux de l’Europe ou encore le programme 40under40, co-organisé par Friends of Europe.
Pour ce faire, il compte bien sur l’aide du réseau déjà conséquent de Guillaume Klossa. À suivre donc.
Le point d’interrogation
Une autre association européenne avait été reconnue à l’issue de la procédure 2014-2015 : Le Parlement Européen des Jeunes.
Se présentant comme une « organisation apartisane offrant aux étudiants une plateforme de débats et de réflexion autour des grands enjeux de l’Europe d’aujourd’hui, (…) en leur permettant de remettre leurs propositions à des responsables publics », elle participe également à plusieurs évènements culturels à l’instar des euroconcerts ou la Fête de l’Europe.
Les membres du bureau du PEJ n’ayant pas répondu à nos questions, nous ne sommes pas en mesure de dire si ce dernier sera de nouveau présent pour la reconnaissance de cette année.
Le science piste l’aura compris : il y a de quoi attendre des débats riches et houleux. L’an de grâce 2015 alimentera-t-il le bruit et les fureurs de l’europhobie, de l’euro-mollesse ou de l’euro-pragmatisme ? Vous avez la réponse. Et c’est à vous de jouer.
« Nous organisons notamment des Europe à l’Ecole, c’est-à-dire des interventions du primaire aux BTS. Nous coordonnons également plusieurs cafés-déba
ts dans l’année et nous participons activement à la rédaction du Taurillon, le journal en ligne des Jeunes Européens », explique Pauline Vidal, présidente des JE.
Other posts that may interest you:
- Local Victories for Turkish Opposition — A Sign of Hope?
- Are France and Japan a Mismatch Made in Heaven?
- A Reflection on Dark Tourism
- Cadavre Exquis : Goodbye stranger
- An Untoward Progress?
Discover more from The Sundial Press
Subscribe to get the latest posts sent to your email.