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Astrig Agopian, pour Maze Magazine puis pour The Sundial Press

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Le 22 août dernier, les femmes saoudiennes ont pu, pour la première fois, s’enregistrer afin de pouvoir voter aux élections municipales. Elles peuvent également se porter candidates pour ces élections qui auront lieu en décembre prochain. Les ONG soulignent une avancée mais beaucoup reste à faire. Alors séisme dans la péninsule arabique ou coup d’épée dans l’eau ? Retour sur la condition des femmes en Arabie Saoudite.

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Un combat silencieux

L’Arabie Saoudite est un royaume musulman ultra-conservateur divisé en 13 provinces que dirigent 13 émirs. Le système de succession est adelphique : le pouvoir est transmis de (demi-)frère en (demi-)frère et la dynastie saoudienne est composée de plusieurs milliers de personnes. Dans ce pays qui a fait fortune grâce au pétrole, c’est le wahhabisme, islam rigoriste, qui est religion d’Etat. La charia est appliquée et les coupeurs de tête sont des fonctionnaires. Les oulémas (responsables religieux) et les rois sont les preneurs de décision. Dans un espace si éloigné des mœurs occidentales et qui reste opaque pour le reste du monde, les femmes sont présentes mais réduites au silence. Qu’elles soient saoudiennes ou immigrées, en Arabie Saoudite, les femmes ne sont considérées qu’à travers les trois rôles qu’elles doivent accomplir dans leur vie : celui de soeur, d’épouse ou de mère.

Pour elles, les interdictions sont nombreuses : elles ne peuvent sortir seules, conduire, travailler sans autorisation, sortir sans être couvertes de la tête aux pieds… Le sexisme et la misogynie sont institutionnalisés et traditionnels. Être une femme en Arabie Saoudite, c’est se questionner en permanence sur ce que l’on a le droit de faire ou non. C’est exister tout en étant invisible.

Cependant, notamment grâce à certains rois, il y eu quelques avancées. Le roi Fayçal et sa femme Iffat Al-Thunayan ont œuvré pour l’éducation des femmes, en créant, par exemple, la première école féminine. Le roi Abdallah avait autorisé deux saoudiennes à participer aux Jeux Olympiques de Londres dans des conditions cependant très strictes. Après la sortie du film « Wadjda », il a autorisé la pratique du vélo (dans un cadre très spécifique encore une fois). C’est également le roi Abdallah qui avait, en 2011, proposé que les femmes puissent participer aux élections municipales.

La femme évolue au sein de deux échelles différentes : l’échelle étatique et l’échelle familiale. Et c’est au sein de la famille que le combat peut commencer. Des mouvements féministes existent comme « Women2drive » dont les membres mènent régulièrement des actions pour obtenir le droit de conduire. Toutefois les amendes et peines de prisons dissuadent beaucoup de femmes de prendre part à la lutte. Alors c’est au sein de leur foyer, sur le long terme, que les femmes tentent d’agir, en commençant par convaincre leur époux. Cependant, ces derniers sont aussi condamnés s’ils soutiennent leurs femmes dans un combat féministe

L’Occident semble peu regardant quant à ce qui est du droit des femmes et des libertés en Arabie Saoudite. Les intérêts économiques et politiques priment. On peut toutefois souligner l’audace de Michelle Obama, première dame des Etats-Unis, qui était apparue sans voile en janvier 2015 lors des obsèques du roi Abdallah, un geste hautement symbolique.

Si plus de la moitié des étudiants à l’université sont aujourd’hui des femmes (selon le CNRS), ces dernières ne représentent qu’une infime partie de la population active et doivent travailler dans des cadres exclusivement féminins. Elles ne peuvent et ne doivent entrer en contact avec aucun homme qui n’est pas de leur famille. La parole d’un homme équivaut à la parole de deux femmes. Le “deuxième sexe” est considéré comme inférieur et mineur.

La possibilité pour les femmes de se porter candidates aux élections municipales et de voter semble être une avancée majeure. Elle permettrait aux femmes de s’affirmer en tant que citoyenne et d’avoir un rôle politique qui irait au-delà du domaine de la famille, considéré comme exclusivement « féminin ». Sans surprise, les conservateurs ont mal réagi et ont lancé des campagnes expliquant à quel point il est dangereux de laisser les femmes prendre part à la vie politique. On peut alors se demander combien de femmes oseront ou pourront s’inscrire sur les listes. Cette décision est insuffisante car le manque d’information et la pression sociale empêcheront sans doute une vague de candidatures. Une avancée qui reste donc relative ; beaucoup de travail reste à faire.

Astrig Agopian, pour Maze Magazine puis pour The Sundial Press

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