By Adrien Lac
Bonjour, je m’appelle Adrien Lac, et je suis un homme blanc. Les présentations sont faites, et mon illégitimité à parler du sujet qui nous concerne étant établie, poursuivons.
Beaucoup de choses peuvent être discutées (et le sont) concernant le départ d’une camarade et amie suite à son agression. Ce qui ne peut l’être est son statut de victime et la réalité de son trauma. On ne saurait mettre en doute l’honnêteté, le bien fondé ou les bonnes intentions des messages de cette élève voulant préserver tout autant les prochaines victimes que celui qui avait fait l’erreur de la blesser. Cette élève s’est sentie attaquée. Il n’en faut pas plus pour établir le profond sérieux de la situation, et la nécessité de répondre en conséquence pour prévenir au maximum de similaires agressions d’arriver, à défaut d’apporter un remède au mal qui à déjà été fait.
Une conférence a donc été organisée ce mercredi avec plusieurs membres de l’administration. Cette administration, qui a été accusée de n’avoir pas pu apporter à l’élève l’aide et le support adéquats, étant déclarée presque aussi fautive que l’agresseur dans le départ de celle-ci. La conférence a été décriée pour son amateurisme, son incapacité à répondre aux questions des élèves et n’apportant que des débuts de solutions aux “réalités” du problème. Le projet de “task force” a été décrit comme balbutiant, les guidelines insuffisantes, les exposés manquant de substance. En bref, les intéressés se sont globalement déclarés insatisfaits par la réponse de l’administration.
Il me semble, premièrement, que l’administration a réagi plus qu’honnêtement. Des mesures concrètes ont été prises, des intervenants de Paris appelés, de l’argent dépensé. C’est un réel progrès, et un succès pour tous les étudiants qui ont voulu faire de l’appel de la victime un tremplin pour des réformes solides. Bien sûr, il y a de la maladresse, comme toujours sur notre campus entre deux tailles, et tout cela sera fatalement insuffisant car ce n’est pas à l’échelle d’un campus qu’on peut éradiquer le drame des violences sexuelles. Cependant il me semble que ceux qui jugent si vite les efforts qui sont faits, ne réclament pas réellement des réformes ; ils paraissent demander des représailles.
La solidarité dont a fait preuve notre petite communauté avec l’un de ses membres a été massive et belle. C’était la moindre des choses. En revanche, la levée de bouclier qui s’en est suivie, et le zèle de certains miliciens autoproclamés de la morale sont profondément dérangeants. Un regard sur certains messages posté sur le groupe de Confessions (dont la suppression me semble être une mesure de salubrité publique, tant cette page est un concentré de frustration, d’égocentrisme et de lâcheté) suffit à se convaincre de la violence et du manque de discernement de certaines allégations.
Ceux qui parlent de poursuites légales, de punitions intra campus ou d’expulsion se leurrent, ils se trompent de combat. Peu importe quelles ont été les circonstances de l’acte, aucune plainte n’a été déposée et une volonté manifeste de ne pas porter de préjudice supplémentaire à son agresseur a été exprimée par l’élève. Ces voix anonymes qui vont à ce point à l’encontre des vœux de l’intéressée, et avec une telle violence, donnent l’impression que certains préfèrent hurler avec les loups plutôt que de réfléchir, se mettre à place de l’objet de leur animosité, et voir que rien n’est jamais aussi simple que ce que crie la foule.
Je ne doute à aucun moment que tous les élèves, amis et moins amis, proches et moins proches, ont l’intime conviction de bien faire et d’être juste. Mais il n’y a pas de responsable à chercher ni de coupable à désigner, pas d’excuse à trouver ni d’absolution à donner.
Il y a juste à se souvenir, apprendre, éduquer, et agir pour les prochains.
Bises