We have republished this article through The Sundial Press’s partnership with Le Zadig, the journal of Sciences Po Paris Campus of Menton. The original post may be read here. Throughout the year we will be syndicating articles that appear in the newspapers of other Sciences Po campuses.
Propos recueillis par Fatine Maussang
Cette karatéka qui nous a fait vibrer plus d’une fois aux couleurs de la France détient de nombreux titres, notamment celui de championne du monde qu’elle a remporté cinq fois. Elle a réussi à trouver l’équilibre entre études et passion en conciliant ses entraînements de karaté, un art martial qui demande de la rigueur, de la discipline et beaucoup d’endurance, et ses études de droit, pour réussir à devenir non seulement un emblème de ce sport mais aussi une avocate renommée.
Fatine Maussang : Pouvez-vous nous parler de votre métier d’avocate ?
Alexandra Recchia : C’est un métier exigeant qui appelle beaucoup de rigueur et d’organisation, bref tout ce que j’aime. Il faut savoir être minutieux et perfectionniste, ce qui correspond tout à fait à mes traits de caractère. Je ne l’ai pas choisi par hasard.
FM : Comment vous est venue cette passion pour le karaté ?
AR : Ce sont mes parents qui ont pris l’initiative de m’inscrire dans cette discipline. Mais l’on peut dire qu’une fois les pieds posés sur le tatami, le karaté m’a adopté et je l’ai adopté en retour. La discipline demandée, la rigueur, la recherche du geste parfait, l’esprit de compétition et la volonté d’être la meilleure, ce sont autant de facteurs qui ont collés à ma personnalité et ont fait du karaté une véritable passion et même toute ma vie !
FM : Pouvez-vous nous parler de votre plus belle victoire, celle dont vous avez été la plus fière ?
AR : Il y en a deux que je ne parviens pas à départager. : mes deux titres de championne du monde -50kg en 2012 et 2016. 4 années séparent ces deux titres et beaucoup de changements sont intervenus.
Le premier j’étais jeune, fraîche, je “débutais” dans la catégorie, je n’avais rien à perdre et j’étais dans un état de “flow” assez hallucinant. Comme si j’étais à l’extérieur de mon corps et que rien ne m’échappait, je voyais tout arriver. C’était “Wahou” !
Le second était tout aussi savoureux car j’étais dans une période délicate, je passais mon Capa, j’avais raté mes compétitions de préparation, je n’étais pas au mieux mentalement. Le tirage au sort fut un véritable électrochoc (premier tour, je tape l’autrichienne numéro 2 mondial à domicile). J’ai décidé qu’il était hors de question de perdre au premier tour de ces championnats et au final j’en suis sortie victorieuse. Le pied !
FM : Qu’en est-il de votre parcours scolaire ? Où avez-vous étudié ?
AR : J’ai pas mal bougé pour des raisons sportives. Première année post bac fac de droit et psycho à l’Université Lyon II. Deuxième et troisième année licence à Avignon, Master 1 à Aix-en-Provence puis Master 2 DPRT à Paris XI SCEAUX. J’ai réussi le CRFPA en 2013 et intégré l’HEDAC en janvier 2014. Puis obtention du Capa en octobre 2016. Parcours du combattant ! (rires)
FM : Quelles étaient vos horaires de classes pendant vos études supérieures ? Quand alliez-vous vous entraîner pour le karaté ?
AR : Quand j’étais à la fac je m’entraînais deux fois par jour. J’organisais toutes mes semaines en fonction des entraînements. J’allais systématiquement aux TD et en cours magistral dès que je n’avais pas entrainement. Si cela se chevauchait, j’allais à l’entraînement puis je rattrapais le cours avec des bouquins ou des notes récupérées de camarades. Cela a demandé beaucoup de travail personnel. Mais j’aimais bachoter et cela ne m’a jamais dérangé. Je passais une grande partie de mon temps libre entre deux cours à la bibliothèque universitaire pour avancer un maximum (ficher les cours, lire des articles , etc) pour pouvoir me rendre à l’entraînement avec l’esprit libre.
Tout le monde peut réussir, il faut juste s’en donner les moyens.
FM : Avez-vous déjà pensé à abandonner l’un ou l’autre ?
AR : Jamais de la vie ! Le karaté est une passion mais elle ne me permet pas d’en vivre éternellement. Il me fallait donc assurer mes arrières et préparer d’ores et déjà ma reconversion.
FM : Au niveau de la vie « personnelle » : amis, autres centres d’intérêts… Comment faisiez-vous pour gérer cela, en plus de vos études et des entraînements ?
AR : C’est sûr que cela demande beaucoup d’organisation et de sacrifices ou plutôt des choix à faire. Je ne vois pas mes amis autant que je le souhaite mais ils sont très compréhensifs et me soutiennent énormément. Très souvent on cale des dates un mois à l’avance minimum. Cela laisse peu de temps à l’improvisation.
FM : Quels sont vos conseils pour réussir vos études de droit ?
AR : Ne pas s’éparpiller, suivre ses cours régulièrement, être curieux, aller fouiner dans les livres, lire régulièrement des articles de doctrine pour éveiller et développer son raisonnement juridique, travailler en groupe… Je n’ai hélas pas pu donner mon meilleur pendant mes études et j’ai toujours fait le minimum syndical mais j’aurais apprécié avoir plus de temps pour lire de la doctrine, travailler en groupe, … cela stimule énormément. Alors donnez-vous toutes les chances de réussir.
FM : Aviez-vous pensé à faire Sciences Po après le lycée?
AR : J’y ai pensé en effet mais je me suis dirigée finalement vers le droit car initialement j’avais pensé à faire une licence pour passer le concours de lieutenant de police.
FM : Quels seraient vos conseils pour réussir à conserver un équilibre entre ses études et ses passions ?
AR : Comme je l’ai dit plus haut, avoir une bonne organisation, faire les choix les plus judicieux, ne pas passer trop de temps devant la télé ou sur les réseaux, consacrer ses temps morts à l’étude pour se libérer quelques soirées afin de les réserver aux amis et à la vie sociale. Bon courage à tous ceux qui envisagent ce cursus avec un double projet car il n’est question que de ça, tout le monde peut réussir, il faut juste s’en donner les moyens.
Note de la rédaction: Le karaté est un art martial qui se compose de plusieurs disciplines. Le «kumite », le plus célèbre, désigne le combat qui oppose deux adversaires. Les coups autorisés sont ceux au dessus de la ceinture. Les deux karatékas s’affrontent pendant quelques minutes, les coups de pieds valant 3 points, ceux au poing en valant 1. Ensuite, il y a les « katas » : il s’agit d’un enchaînement de mouvements des pieds et des mains qui se complexifient au fur et à mesure du grade atteint. Le karaté nécessite donc non seulement de la force et de l’endurance, mais aussi de la grâce et de la précision dans les mouvements. C’est un sport complet et rigoureux qui demande un entraînement fréquent.
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